EN 1982, lorsqu’une crise politico-humanitaire éclate en Pologne, les entreprises de santé décident de se rassembler, afin de mieux coordonner leurs envois de médicaments. C’est ainsi que naît l’association Tulipe, sous l’égide du Pr Pierre Joly et de Jean-Pierre Hulot, respectivement président et directeur général adjoint du syndicat national de l’industrie pharmaceutique (SNIP), ancêtre du LEEM (les entreprises du médicament). L’acronyme Tulipe signifie à l’origine « transferts d’urgence des laboratoires de l’industrie pharmaceutique ». Actuellement, Tulipe compte 60 adhérents et intervient dans 25 pays, grâce à ses partenariats avec 27 associations. Son budget s’élève à 300 000 euros par an, hors dons de médicaments. Chaque adhérent cotise en fonction de son chiffre d’affaires, pour des montants compris entre 3 000 et 15 000 euros par an.
Entrepôt à Garonor.
Les missions de Tulipe sont de coordonner les dons des entreprises de santé et d’assurer l’interface avec les associations de terrain impliquées dans des interventions d’urgence. Pour cela, elle reçoit les produits de santé donnés par les entreprises adhérentes, puis les conditionne en kits. À ce jour, il en existe trois sortes : le kit traditionnel de l’urgence, le kit pédiatrique et le kit thérapeutique de base pour les adultes. « Nous demandons aux laboratoires adhérents la liste des produits dont les ONG ont besoin. Nous n’envoyons jamais de médicaments sur le terrain si cela ne répond pas à une demande précise », explique Séverine Teurlai, directeur et pharmacien responsable de Tulipe. Les kits sont conditionnés et stockés à Garonor, près de Roissy, dans un entrepôt détenu par l’association. Les ONG viennent les récupérer sur place afin de les apporter sur le terrain. Les médicaments doivent avoir une durée de vie d’au moins un an au moment de leur acheminement et comporter une notice rédigée en plusieurs langues, mentionnant toujours la dénomination commune internationale (DCI).
110 millions d’euros de produits.
Depuis trente ans, l’association a ainsi fourni 2 100 tonnes de produits de santé dans des situations d’urgence, ce qui représente un montant de près de 110 millions d’euros. En 2012, Tulipe a envoyé 12 kits d’urgence en partenariat avec le ministère de la Santé français, suite à une série d’explosions survenue à l’est de Brazzaville, au Congo. Elle a également travaillé avec l’ONG Solidarité Syrie, qui intervient en Turquie, au Liban et en Jordanie, afin d’aider les réfugiés syriens. L’association a ainsi acheminé 42 kits d’urgence, soit 2,3 tonnes de médicaments et de dispositifs médicaux. Tulipe a aussi mis 9 kits, en particulier pédiatriques, à disposition de l’ONG Gynécologie sans frontières, dans le cadre d’un programme de santé materno-infantile dans le camp d’Al Zataari, en Jordanie, non loin de la frontière syrienne. Et, en août 2012, suite aux pluies diluviennes qui ont fait deux millions de sinistrés aux Philippines, Tulipe a fourni quatre kits d’urgence ainsi que des traitements pour les épidémies de dengue et de leptospirose. Au total, elle a donné l’équivalent de 5 tonnes de médicaments et dispositifs médicaux aux ONG cette année.
Parmi ses pistes d’évolution, Tulipe souhaite mieux adapter ses kits aux situations qu’elle rencontre sur le terrain. « En 2010, le séisme survenu en Haïti nous a fait prendre conscience de la nécessité de constituer des kits à visée chirurgicale, explique Benoît Gallet, président de Tulipe. Ils sont désormais indispensables sur presque tous les théâtres d’opérations. » En parallèle, Tulipe veut également augmenter et diversifier les dispositifs médicaux dans ses kits classiques : seringues, pansements, thermomètres, sondes, etc. Pour cela, elle envisage d’élargir son réseau d’adhérents aux entreprises de matériel médical. Des discussions ont d’ores et déjà été entamées avec le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM). Tulipe voudrait aussi élargir ses activités à la « post-urgence », afin de répondre aux épidémies qui peuvent se déclarer après une situation d’urgence, ou aux suites opératoires qui se passent mal. Enfin, l’association collabore avec le Partnership for quality of medical donation (PQMD) afin de réfléchir aux besoins de coordination et au respect des directives internationales en cas d’intervention de nombreux pays sur le terrain.
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