Si on observe avec minutie la succession des démarches, souvent contradictoires, du chef de l’État, on peut insérer ses décisions ou ses voltes-faces comme autant de briques qu’il apporte à l’édification d’un plan, purement politique, pour sa réélection à un second mandat. Certes, il a fait de la lutte contre le chômage le principal de ses efforts, sa priorité essentielle. Il s’inquiète sincèrement du sort d’une société grevée par quatre millions de chômeurs. Mais il sait aussi que des résultats substantiels au niveau de l’emploi renforceraient sa position quand l’heure sera venue pour lui de se présenter devant les urnes. Comme en 2012, il fait des sérieuses faiblesses de la droite son argument essentiel.
Malgré le maelström qui secoue encore le pays, il n’a pas vraiment changé de stratégie électorale. Car la politique est en retard de quelques années sur l’évolution sociologique de la France, laquelle n’a entraîné que des différences de degré dans les rapports de forces : le Front national continue de progresser sans que l’on puisse dire qu’il va s’emparer prochainement du pouvoir ; la dérive extrémiste, fort bien incarnée par le fameux « jour de colère » du 26 janvier a aggloméré des tendances disparates, souvent opposées ; le Front de gauche est menacé de dissolution ; les Verts coopèrent avec le gouvernement, décidés à avaler autant de couleuvres qu’ils ont de postes à protéger. M. Hollande est convaincu, et il l’a dit en quelque sorte le 14 janvier dernier, qu’il saura rassembler sa majorité le moment venu et que personne ne lui contestera son droit à se présenter de nouveau, quels que soient les résultats de son action.
Sarkozy bout d’impatience
Le président va encore plus loin dans sa réflexion prospective. La guerre des chefs empoisonne l’UMP qui risque d’organiser une primaire pour rien. Fillon, Juppé, Copé et même Xavier Bertrand sont décidés à tenter leur chance. Mais tout semble indiquer que Nicolas Sarkozy, qui bout d’impatience et croit trouver dans la déliquescence croissante du pays la preuve même de sa propre suprématie, les paralysera dès qu’il aura sauté dans l’arène et se fera plébisciter par l’UMP. François Hollande se prépare donc à jouer de nouveau le match qui l’a opposé à M. Sarkozy en 2012.
Ce n’est pas sans appréhension que nous voyons s’écrire ce scénario qui reproduirait, dans un contexte d’apathie populaire, de manque national d’imagination et de résignation générale, la séquence d’il y a deux ans, alors que la France a changé, et pas en bien, et que s’accumulent des nuages qui assombrissent le ciel de la République. Le risque, pour l’électorat, de n’avoir qu’un choix identique à celui de 2012 est, d’une certaine manière, consternant. Il signifierait que nous garderons en 2017 les instruments inefficaces que nous nous sommes donnés en 2012. Bien sûr, ils répéteront sans cesse qu’ils ont changé, qu’ils ont appris beaucoup de l’épreuve, qu’ils ne sont pas les mêmes. Bien sûr, ce qui compte, c’est moins les hommes que les leviers qui permettront à la société française de décoller enfin après des années de prostration. Mais, même si les deux camps classiques parviennent, une fois encore, à marginaliser les extrêmes, on trouvera des Français qui crieront à l’imposture ; et ce qui nous empêchera de crier à l’unisson, c’est le souci de ne jamais les rejoindre. Nous avons besoin de réinventer non seulement l’économie, mais les partis et, peut-être, le personnel politique qui nous a tant déçus.
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