PRÉSENTÉ dans la presse locale comme un pharmacien « surdiplômé » et un exemple à suivre, Adib Benfeddoul, 40 ans, est un citoyen éminent de la ville de Bergerac (Dordogne), cité de 28 000 habitants bien connue pour son héros éponyme au nez long, qui n’y a d’ailleurs jamais mis les pieds. Originaire du Maroc, marié à une avocate, père de trois enfants, il dirige depuis cinq ans une officine de centre commercial. Employant 4 personnes, il développe des spécialités naturelles – phytothérapie, aromathérapie, huiles essentielles – ainsi qu’un rayon de parapharmacie en rapport avec une clientèle très diversifiée.
« J’ignore si on peut me considérer raisonnablement comme un surdiplômé, relativise Adib Benfeddoul, mais je suis un ancien interne des hôpitaux de Bordeaux, ville où j’ai effectué mes études, et j’ai passé un DESS de Droit de la Santé, ainsi qu’un autre de Gestion des Entreprises. Ce parcours explique cette image, colportée sympathiquement par les médias locaux, mais là n’est pas l’essentiel… »
L’essentiel réside plutôt dans les fonctions multiples qu’il occupe dans la cité cyranesque, toutes orientées vers le service à sa communauté. Car, outre la pharmacie, où il est tour à tour conseiller, confident et maillon indispensable de la chaîne de soins pour ses patients, ce boulimique de travail revêt régulièrement la robe du magistrat, ou ceint l’écharpe tricolore de l’élu local. Il porte depuis deux ans la première en tant que juge assesseur au tribunal de Commerce, et arbore la seconde au titre de premier adjoint au maire depuis les dernières élections municipales.
Faire face, sur tous les fronts.
« Tout ceci vient de mes pôles d’intérêt, résume-t-il. La faculté de droit et mes études, ainsi que la profession de mon épouse n’y sont pas pour rien, comme mon désir profond de me rendre utile auprès de mes concitoyens. Mais personne n’est venu me chercher, je me suis toujours proposé, que ce soit en politique ou en justice, car il s’agit pour moi d’engagements réels, d’envie de participer à la vie commune. Le fait de tenir un commerce – même si une pharmacie n’est pas une boutique ordinaire – me permet d’avoir une certaine vision des affaires et de l’économie, tout en apportant aux justiciables une aide précieuse, car nous ne sommes pas là pour sanctionner. Cela favorise également les dialogues, me permet d’exprimer mes idées et parfois de convaincre. »
Côté emploi du temps, ce Frégoli très actif ne compte pas ses heures. Le travail ne manque dans aucun de ses domaines de prédilection, santé, cour, mairie, exigeant études, préparations, déplacements, rencontres et décisions. La fibre politicienne s’est révélée chez lui petit à petit au cours de ces dernières années. Conseiller municipal d’opposition durant son précédent mandat, il est aujourd’hui membre d’une liste de rassemblement très ouverte Il sait qu’à son poste il pourra encore faire plus pour ses administrés, tout en continuant à se dévouer sous ses deux autres casquettes.
Le goût des autres.
« Il y a dans toutes ces situations des richesses multiples tirées des contacts, de la résolution de situations parfois difficiles, de l’approche et du goût des autres. Je n’ai pas pour objectif une ambition démesurée, explique Adib, et je sais que la politique pourra s’arrêter un beau jour. Mais je serai toujours pharmacien. J’arrive en plus à baisser les rideaux entre mes trois fonctions : quand j’endosse la blouse blanche, je suis plus ni juge ni maire adjoint, et vice versa. Quant à ma clientèle, mes patients ne tiennent pas compte de ce que je suis par ailleurs, je constate au contraire que cela améliore plutôt le dialogue avec eux. Mais je ne mélange pas tout, et ma profession reste prioritaire, car elle est à sa manière un engagement citoyen tout autant que le reste. En officine, il faut se battre, comme au Conseil municipal et comme au tribunal, dans des temps difficiles, avec un avenir incertain et mouvant. Quoi qu’il en soit, je resterai en permanence au service des autres, c’est une vocation… »
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