Patients déterminés à obtenir coûte que coûte de l'hydroxychloroquine, des masques ou du gel hydroalcoolique, personnes stressées par le contexte actuel, cambrioleurs toujours aussi actifs… depuis le début du confinement, les agressions contre les officinaux augmentent sensiblement.
Selon les statistiques du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), le nombre d'agressions signalées depuis le début du confinement a augmenté d'environ 60 % par rapport à la même période l'an passé. « Nous avons reçu 30 déclarations d'agressions rien que pour la semaine dernière, soit autant que pour tout le mois de mars en 2019 », précise Alain Marcillac, référent sécurité pour le CNOP et titulaire à Châtillon (Hauts-de-Seine). Comme en attestent les témoignages récoltés par l'Ordre, des individus sont capables des pires réactions en cette période difficile. « Des pharmaciens ont été menacés au couteau par des personnes prêtes à tout pour avoir du Plaquenil ou de l'azithromycine. Au moins trois cas d'agressions physiques nous ont été signalés ces derniers jours. Un officinal se trouve actuellement en incapacité totale de travail (ITT) pour une période de 4 jours », détaille Alain Marcillac qui constate également l'apparition de phénomènes encore jamais observés. « S'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, des clients tentent d'intimider les pharmaciens en leur crachant dessus ou en menaçant de le faire, cela nous a été souvent rapporté. Dans un grand hôpital parisien, le personnel d'une pharmacie à usage intérieur (PUI) a également été pris à partie, ce qui est inédit à ma connaissance. » À l’exception de la Bretagne qui semble plutôt préservée, cette recrudescence des agressions est observée sur l'ensemble du pays.
Autre problème : les cambriolages d'officines, particulièrement nombreux en Hauts-de-France et en Ile-de-France. « Les masques et les gels sont spécifiquement visés, mais les voleurs n'oublient pas de se servir dans le fond de caisse au passage. Deux équipes viennent d'être arrêtées par la police en région parisienne, il s'agissait d'adultes et non de mineurs isolés comme on l'a souvent vu ces derniers mois », explique Alain Marcillac, qui insiste sur l'importance de sécuriser encore plus que d'habitude l'accès aux produits sensibles et à ne pas laisser d'argent dans la caisse.
Le manque de civisme dont font preuve certains visiteurs est également pesant. « Le passage à la pharmacie est devenu pour certains une sorte de promenade quotidienne, ils n'ont pas intégré la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Lorsqu'on tente d'expliquer à certains qu'ils ne doivent pas venir pour un oui ou pour non, ils le prennent mal et peuvent s'emporter. » Comme le souligne Alain Marcillac, nombre de ces confrères ressentent également un sentiment global d'insécurité, encore accru le week-end et lors des gardes.
En lien permanent avec les forces de l'ordre, le référent sécurité du CNOP exhorte ses confrères à faire remonter les agressions dont ils sont victimes sur le site Internet de l'Ordre. « Il suffit de remplir un formulaire, cela prend 5 minutes. Ces informations nous permettent de faire un état des lieux et de communiquer, notamment auprès des autorités. »
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