NOUS NE FERONS PAS l’énoncé des promesses électorales tenues ou non tenues. Dans cet exercice, la nuance est de mise et l’on se perd dans les détails, c’est-à-dire là où se niche le diable. Selon les idées que l’on a ou selon l’effet des dispositions mises en œuvre par le gouvernement, on peut même préférer qu’une promesse soit oubliée et regretter qu’une autre ait été appliquée. La campagne électorale de 2012 a été faussée par des engagements que François Hollande a pris alors qu’il savait qu’il ne les tiendrait pas ; par une technique de conquête du pouvoir fondée uniquement sur l’antisarkozysme, alors qu’il fallait établir un plan d’action crédible d’assainissement des comptes publics, de créations d’emplois et de croissance. Il fallait bien que le candidat Hollande, « ennemi de la finance », obtînt le vote protestataire au second tour. Il a offert à l’électorat ce qu’il voulait voir et entendre, au mépris de ses propres convictions social-démocrates. Bien entendu, il n’aurait jamais été élu s’il s’était contenté de dire la vérité économique et sociale aux Français. Voilà pour le péché originel.
Au cours des six premiers mois de son mandat, qui se réduisent à quatre tant les vacances du pouvoir ont été longues, alors que c’était l’occasion ou jamais d’aller très vite, de prendre la France par surprise et même de la mettre devant le fait accompli (la violence de la crise exigeait un blitzkrieg politique), François Hollande a voulu tenir compte de tous ceux qui, situés très à gauche, lui ont apporté des voix déterminantes. Le matraquage fiscal auquel il s’est livré a largement débordé les classes supérieures et affecté les classes moyennes. Nous pouvions tous admettre qu’il n’y aurait pas de redressement sans sacrifices. Mais il a manqué à cet accroissement excessif de la pression fiscale l’autre volet, celui de la réduction de la dépense publique qui, encore aujourd’hui, est à peine commencée. Le chef de l’État a voulu marquer sa différence en redressant quelques injustices, par exemple, en embauchant pour la police, la justice et l’enseignement. Ce faisant, il a donné un coup d’arrêt à une disposition sarkozyste, certes brutale, mais qui annonçait enfin une première en France : la diminution des effectifs de la fonction publique dans un pays qui, proportionnellement, a deux fois plus de fonctionnaires que l’Allemagne. Il a tenu absolument à faire œuvre de justice en autorisant ceux qui ont commencé à travailler très jeunes à partir à la retraite à 60 ans. De cette manière, il a remis en cause une réforme des retraites qui, au contraire, doit être encore plus approfondie.
Un pays divisé.
Par rapport à l’augmentation insupportable du chômage, les vieilles idées du passé jospinien, contrats de génération, contrats d’avenir, semblent bien dérisoires, d’autant qu’elles sont coûteuses. Le pire, c’est que son effort de l’année dernière pour donner un os à ronger à la gauche de la gauche, est notoirement insuffisant : elle est passée, avec armes et bagages, dans l’opposition. D’autant que, à la fin de l’année dernière, M. Hollande s’est aperçu qu’à défaut de changer le système et de faire de la France un régime totalitaire, ses mesures sociales étaient vouées à l’échec. Il n’a plus juré que par les entreprises, celles qui, précisément, créent des emplois ou n’en créent plus. S’inspirant du rapport Gallois, il a conçu le pacte de compétitivité-emploi, adopté la réforme du marché du travail signée par les syndicats et le patronat et l’accord national interprofessionnel. Ce sont là d’indéniables progrès, qui porteront leurs fruits dans moins de deux ans. Mais la fracture avec le Front de gauche et le PC est définitive, la cohésion du PS sérieusement menacée, l’identité du pouvoir difficile à saisir.
Quant on reprend chacun des thèmes qu’il a énumérés dans sa fameuse anaphore face à Nicolas Sarkozy lors du débat télévisé d’entre les deux tours, on constate qu’il n’a pu tenir que quelques promesses. Il a juré que sa vie privée serait limpide et discrète, il a eu des problèmes avec Mme Trierweiler ; il a dit qu’il serait un président normal alors que la nature même du quinquennat l’a vite contraint à se trouver simultanément sur tous les fronts ; il a juré qu’il serait le président de tous les Français, il les a divisés autant que son prédécesseur. Il n’est préoccupé aujourd’hui que par la vilaine évolution du PS, inquiet, saisi par le doute, clivé par les courants, tout à coup antiallemand (coupable dérive), et livré à l’expression de toutes les individualités au lieu d’apporter au Premier ministre une loyauté indiscutable. Arnaud Montebourg, qui fait sa propre politique tout seul sans que M. Hollande le mette au pas, qui s’est permis d’insulter Jean-Marc Ayrault et qui, en outre, prétend avoir l’aval de l’autorité présidentielle quand il omet d’informer Pierre Moscovici, est l’exemple le plus évident de la dérive du parti. D’après vous, pourquoi le président ne limoge-t-il pas ce drôle de ministre ? Parce qu’il espère encore faire croire à la gauche de la gauche qu’il est des siens.
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