LA CAMPAGNE électorale masque parfois la gravité des enjeux. L’avenir du pays ne se jouera pas sur l’embauche de fonctionnaires ou sur le vote des étrangers, mais sur notre capacité à maîtriser la crise économique et financière de façon à éviter une catastrophe. En 2011, nous avons mesuré nos carences, nos impérities, notre manque de discernement : la crise de l’endettement est le produit du refus des gouvernements européens d’intégrer suffisamment leurs économies pour que la monnaie unique fût assise sur une convergences des politiques fiscales et budgétaires.
Si cet effort n’a pas été accompli, c’est uniquement parce que, à davantage de délégation de pouvoirs, les États ont opposé leur sacro-sainte souveraineté dans un monde où le statut de nation poids lourd commence avec une production de 5 000 milliards de dollars par an. Pris ensemble, les 27 pays de l’Union sont plus riches que les États-Unis et trois fois plus riches que la Chine. Pourtant, bien qu’il ait attendu plus de trente ans, Henry Kissinger ne connaît toujours pas le numéro de téléphone de l’Europe. La France et l’Allemagne n’ont conçu le traité de Lisbonne que comme un document qui leur permettait de contrôler l’Union, pas comme un acte historique qui aurait amorcé la création d’un gouvernement européen. Le président européen, Herman Van Rompuy et la « ministre des Affaires étrangères », Catherine Ashton, ont été choisis parce qu’ils ont des personnalités peu portées à la contradiction et parce qu’ils mettent un point d’honneur à ne jamais franchir la ligne jaune de la supranationalité.
Nous sortirons, tôt ou tard, de cette crise. Nous en sortirons par le bas (la fin de l’euro) ou par le haut : si la monnaie unique survit au maëlstrom, elle deviendra irréversible et ne sera plus ni contestée ni attaquée. Ce qui ne veut pas dire que le temps sera beau pendant les quatre saisons de 2012.
Nous seront confrontés, cet hiver, à une crise sociale particulièrement aiguë et jamais, en ces temps d’appauvrissement général, la solidarité ne sera aussi indispensable. Nous serons inquiets pour nos comptes en banque, nos emplois, notre activité pendant toute la période (deux ou trois ans) qui sera nécessaire pour que les pays de l’UE, ou seulement de la zone euro, réalisent les convergences qu’ils ont promises. La seule consolation, c’est que nous sommes tous dans le même bain et que les riches auront plus à perdre que les pauvres.
Mais au moins avons-nous compris, pour la plupart d’entre nous, qu’il nous faut plus d’Europe et pas moins ; que les partis qui nous proposent la sortie de l’euro sont complètement irresponsables ; que ceux qui, pour se rendre intéressants, invoquent la souveraineté nationale, sont prêts, en réalité, à nous enfoncer dans les sables mouvants au lieu de nous tendre une main pour nous en extirper. Il faut que nous allions à ces élections de 2012 avec une bonne estimation des enjeux. Les dossiers habituels, immigration, sécurité, éducation, niveau de vie, emploi, pouvoir d’achat n’ont rien perdu de leur importance. Mais la vérité est que la France est une barque sur une mer démontée et que nous avons besoin d’un timonier sûr, calme, compétent, qui saura établir les priorités.
Les hommes politiques nous parlent souvent de la France idéale dont ils rêvent. On ne saurait leur reprocher de fixer des objectifs lointains. Il y a des améliorations constantes à apporter à une société ô combien imparfaite. Mais il ne faut pas que nous débattions de la police de proximité ou de la proportion des emplois publics dans la main-d’œuvre totale pendant que s’ouvre sous nos pieds un chaos financier et monétaire capable de nous ruiner tous et de paralyser le pays. Il nous faut du courage. De la lucidité. Un énorme sang-froid. De l’espoir, quoi qu’il en soit. Nous devons avoir toutes ces qualités et nous devons exiger les mêmes de celui que nous hisserons à la magistrature suprême.
› RICHARD LISCIA
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