NICOLAS SARKOZY n’avait vraiment pas besoin de la manifestation d’indépendance de Jean-Louis Borloo ; il n’a donc pas fini de payer la reconduction de François Fillon à ses fonctions en novembre dernier alors qu’il avait promis le poste de Premier ministre à M. Borloo. Lequel, s’il poursuit son projet, devra affronter, comme d’autres centristes d’ailleurs, Hervé Morin par exemple, les critiques qui lui seront adressées sur la longue période pendant laquelle il a longuement coopéré avec Jacques Chirac d’abord, avec M. Sarkozy ensuite. Qu’à cela ne tienne, l’ancien ministre d’État affiche un optimisme sans faille. Il semble profondément déterminé à « jeter » l’UMP, comme il le dit lui-même et à faire campagne jusqu’au bout. Il n’est pas gêné par les analyses selon lesquelles il provoquerait, mieux que François Bayrou, dont la cote a beaucoup baissé, l’élimination du président sortant dès le premier tour. Comme s’il se faisait fort d’administrer la preuve que le bon candidat de la droite, c’est lui, et qu’il peut être élu président.
Sarkozy déstabilisé.
C’est soudain beaucoup de morgue et de sang-froid chez un homme qu’on a connu moins clair, moins sûr de lui, et infiniment moins agressif. Son projet n’en est pas moins subtil, sinon crédible, car il porte le fer au cœur de celui de M. Sarkozy. Lequel n’a la conviction qu’il réussira que parce qu’il entend bien figurer au second tour. S’il court après la Front national et s’il en applique quelques idées, ce n’est plus pour lui ressembler au point d’apporter une offre politique comparable à celle de Marine Le Pen. C’est parce que, au second tour, les quelque 20 % d’électeurs qui, au premier, auront voté pour la candidate du Front national, n’auront pas d’autre choix que Sarkozy, c’est-à-dire celui dont les idées, à l’usage, sont les plus proches de celles de Mme Le Pen.
Bien entendu, cette stratégie n’a plus de sens si la dispersion des voix au premier tour empêche M. Sarkozy de figurer au second. Le président, satisfait de la réduction du gabarit de M. Bayrou, a tout fait pour empêcher M. Borloo de se lancer dans l’aventure. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’il parvienne à le convaincre en lui proposant, et cette fois sans se déjuger, le poste de chef du gouvernement. Il n’est pas impossible non plus que Jean-Louis Borloo, très fâché d’avoir été décrit naguère comme un dilettante, veuille seulement montrer sa poigne et conquérir par la force ce qu’il n’a pu obtenir par la persuasion. Ce qui est sûr, c’est que la majorité s’affaiblit de jour en jour, et pas seulement par la faute de M. Borloo. Jean-François Copé, qui a repris l’UMP en main, a fait le débat de trop sur la laïcité ; l’attaque contre le RSA conduite par Laurent Wauquiez a été dénoncée successivement par Roselyne Bachelot, François Fillon et par le président de la République lui-même, preuve que le ministre des Affaires européennes a pris une initiative toute personnelle en tentant de réformer une réforme qui est l’une des meilleures du mandat de M. Sarkozy ; et au cœur même de la majorité, il y a un fossé de plus en plus large entre ceux qui approuvent la « dérive droitière » du pouvoir et ceux qui la désapprouvent.
Car il n’y a pas, en la matière, que des motivations tactiques. M. Borloo est sur une ligne autrement plus sociale et écologique que MM. Sarkozy et Fillon ; il fait de la politique mais il défend aussi des idées auxquelles il est sincèrement attaché. Nombreux sont les députés de l’UMP qui se réfèrent encore au « gaullisme social ». En poussant avec le cynisme du désespoir les feux censés consumer l’immigration et l’insécurité, le chef de l’État indispose une partie de ses propres troupes et incite des hommes comme Laurent Wauquiez, qu’on a vu mieux inspiré, à faire de l’excès de zèle, puis à s’accrocher à son projet de loi sur le RSA pour ne pas avoir à battre en retraite. Ce faisant, M. Wauquiez accroît le malaise au sein de la majorité et crée une nouvelle et inutile pomme de discorde.
La crise grecque au secours de Sarkozy.
La droite semble considérer Dominique Strauss-Kahn comme celui qui s’imposera à toute la gauche au lendemain des primaires socialistes. Elle a donc commencé son tir d’artillerie contre le directeur du Fonds monétaire international en insistant sur le fameux incident de la Porsche qu’il a conduite pendant son récent séjour à Paris, et en considérant la rechute financière de la Grèce, l’appauvrissement inouï des Grecs, les menaces qui pèsent sur l’euro comme les symptômes d’une mauvaise gestion de la crise financière par le FMI. Cependant, déboulonner DSK de son socle de compétence ne sera pas facile à accomplir et ne soulèvera pas une émotion excessive chez tous ceux qui s’apprêtent à voter pour lui aux primaires, au premier tour et au second tour.
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