Très réglementés, la prescription, la distribution et le remboursement du cannabis obéissent à des indications strictes. De mars 2017 à mars 2018, les caisses de maladie ont ainsi dépensé 30 millions d’euros pour cette prestation, mais ont refusé de prendre en charge 40 % des ordonnances prescrites, en les jugeant hors critères. Dans ce cas, les patients ont toutefois la possibilité d’obtenir leur cannabis prescrit, mais à leurs frais. En outre, un certain nombre de patients se fait prescrire du cannabis sans demande de prise en charge, ce qui signifie que le nombre total de prescriptions est supérieur à celui des prescriptions ayant demandé et obtenu, ou non, une prise en charge. Au niveau des médicaments remboursés, c’est le Sativex qui est le plus prescrit*.
Un débat réunissant médecins prescripteurs et pharmaciens a permis de mieux cerner l’application pratique de la nouvelle loi. Anesthésiste exerçant dans un centre antidouleur de Munich, le Dr Marc Seibolt a déjà prescrit du cannabis à 500 de ses patients, en complément de traitements « classiques » aux résultats insuffisants. Il leur prescrit essentiellement des spécialités à base de cannabis, et se montre très prudent quant aux prescriptions de fleurs de cannabis, pourtant demandées par la majorité des patients : « leur intérêt médical est moindre, et révèle souvent une tentation récréative plus que thérapeutique de la part du patient », observe-t-il.
Christian Ude, pharmacien à Darmstadt constate, lui, que les patients sont en général très bien informés sur le cannabis, et sont très contents de trouver des pharmaciens qui connaissent eux aussi bien ce domaine. Comme le médecin, il relève que la loi n’a pas favorisé de trafic ni d’excès : il est vrai que les médecins ou les pharmaciens qui s’éloigneraient des règles s’exposeraient à de lourdes sanctions.
Pour le Dr Seibolt, le cannabis prescrit n’a pas forcément d’effet antidouleur mesurable, mais il améliore indéniablement le ressenti des patients face à leur douleur, et les aide à mieux la supporter. « Il améliore la qualité de vie plus que les symptômes, et permet aussi à certains patients de se passer facilement d’opioïdes », ajoute-t-il.
Actuellement, observe par ailleurs Christian Ude, le cannabis est prescrit le plus souvent par des neurologues et des oncologues dans le cadre de traitements contre la douleur et dans celui des soins palliatifs. Le cannabis vendu en Allemagne est essentiellement importé des Pays-Bas et du Canada, car le pays n’est pas encore autosuffisant dans ce domaine. Les préparations à base de cannabis doivent correspondre exactement aux ordonnances, en type de produit comme en dosage.
Les prix des préparations magistrales sont libres, contrairement à ceux des spécialités. Ils sont d’ailleurs souvent jugés excessifs par les patients qui en achètent sur ordonnance mais sans demande de remboursement. Les pharmacies rétorquent que leurs préparations, contrairement au cannabis acheté « dans la rue » ou en ligne, répondent à des normes de qualité strictes et supportent, comme les médicaments, de nombreuses taxes, dont en premier lieu la TVA à 19 %. Beaucoup d’officines ont néanmoins modéré leurs prix ces derniers mois, après les avoir beaucoup augmentés, et ce justement pour rester « concurrentielles » face aux circuits – illégaux — de distribution.
* La caisse de maladie « TK », l’une des principales caisses allemandes forte de 10 millions d’assurés, a publié un rapport complet sur les prescriptions de cannabis auprès de ses assurés, qui a servi de base aux chiffres et données présentées lors de ce séminaire. Réalisé par l’université de Brême, ce rapport, en allemand, présente aussi les principaux aspects de la législation, des indications et des ventes de cannabis depuis mars 2017. Il est disponible à l’adresse : https://www.tk.de/centaurus/servlet/contentblob/982396/Datei/92709/TK-S….
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