NICOLAS SARKOZY et Angela Merkel ont publié dans « le Monde » une lettre qu’ils ont adressée à Herman Van Rompuy, président de l’Union européenne, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Il s’agit d’instructions (ce qui témoigne de l’influence de la France et de l’Allemagne dans les décisions de l’Union) sur la politique financière et économique que l’UE doit adopter. Lors du prochain sommet, les dirigeants européens seront « prêts à envisager un renforcement de la surveillance budgétaire dans la zone euro », avec « des sanctions plus efficaces pour les procédures de déficit excessif ». « Les États,poursuivent M. Sarkozy et Mme Merkel, ne devraient pas être contraints de secourir les banques. Il doit être possible que les banques fassent faillite sans engendrer des risques systémiques pour le secteur financier ». Pour un avenir proche, le président et la chancelière proposent donc une réforme susceptible de mettre les États à l’abri des dérives des institutions financières. Mais, en attendant, ils réaffirment avec vigueur l’idée que sans réduction des déficits publics, une nouvelle crise grave peut se produire.
C’est une prise de conscience. On peut certes compter sur la croissance pour réduire les déficits. On peut aussi dévaluer, ce qui permet à bon compte de rembourser moins. On peut enfin accroître le déficit pour soutenir la croissance et dégager des excédents. La dévaluation implique l’abandon de l’euro et une compétitivité effrénée entre les pays européens. Ce serait une énorme défaite politique et une autre forme d’appauvrissement (la dévaluation finit toujours pas diminuer le pouvoir d’achat). La croissance est encore possible, mais elle ne sera pas assez forte, dans les années qui viennent, pour éponger l’énorme monceau de dettes que la France (ou l’Allemagne) a accumulée. Il reste la diminution des dépenses de l’État.
C’est l’instrument auquel nous n’avons pratiquement jamais recouru par le passé et que nous avons été contraints d’écarter pendant la crise ; nous avons au contraire emprunté pour soutenir le niveau de vie des Français (et pour renflouer les banques, ce qui a indigné Mme Merkel, pourtant contrainte, in fine, de le faire).
Fillon annonce une nouvelle politique.
Interrogé sur TF1 la semaine dernière, le Premier ministre a annoncé assez clairement que l’option de la réduction des dépenses devenait la priorité de l’État, par la poursuite de la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite, par l’adoption cette année de la réforme des retraites et par une politique fiscale moins généreuse. M. Fillon espère récupérer quelques milliards en supprimant un certain de ces fameuses « niches fiscales » qui, chaque année, coûtent en fait quelque 70 milliards d’euros à l’État. À ce sujet, il faut bien comprendre le sens d’une politique d’austérité (qui ne dit pas son nom) et son rapport avec la finance internationale. Si l’Espagne et le Portugal sont maintenant dans le collimateur des agences de notation et en dépit du rôle néfaste que celles-ci peuvent jouer, si la crise grecque se prolonge malgré la promesse de l’Europe de lui verser 110 milliards, c’est parce que le système financier veut être rassuré au sujet de la vertu des États. Il ne suffit pas de trouver le moyen de payer ses dettes. Il faut engager une politique capable, à court et long termes, de résorber au moins partiellement les déficits publics. Parmi les instruments de lutte contre la dette que nous venons de mentionner, un seul, aujourd’hui, convainc le système, les spéculateurs et les agences de notation : c’est la réduction des dépenses publiques. Ce qui signifie que, en attendant que l’Europe prenne les mesures propres à empêcher sa dépendance d’un système bancaire et financier qui lui a fait payer ses immenses erreurs et adopte maintenant la position du juge, il est nécessaire de lui envoyer un signal fort sur ses intentions de revenir à la sobriété financière.
En même temps, la vertu qu’exige des peuples une bande de malandrins est une vertu absolue ; c’est valable pour les foyers comme pour les nations: il n’existe qu’une alternative à la faillite, c’est de dépenser moins. Cela veut dire que la France, pas plus que l’Allemagne, ne fera l’économie d’une révision déchirante de ses dépenses sociales. Et que chaque citoyen français sera atteint par les économies que l’État français va devoir faire très vite, et quelle que soit la couleur politique de ses dirigeants.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion