Le Quotidien du pharmacien. - Quelles sont les particularités économiques de ces officines ?
Philippe Becker. - Le modèle économique de ce type d'officine est la copie du drugstore américain : une grande surface d'exposition pour une mise en avant des produits non remboursables à marge libre, avec une approche verticale très visible en créant des zones spécialisées, et bien évidemment des gammes larges et profondes qui assurent au client de pouvoir repartir avec le produit vu dans une pub. La partie pharmacie traditionnelle, si elle n'est pas forcément négligée, est vécue comme un élément d'attraction supplémentaire : « c'est une pharmacie où on peut aussi trouver des médicaments remboursés par la Sécurité sociale… », disent certains.
Ce modèle économique vous apparaît-il rentable ?
La clé du modèle est la capacité d'achat qui permet de maintenir des marges à un niveau correct (indispensable car le loyer peut représenter jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires) tout en pratiquant des prix très attractifs. S’il advenait un jour que les remises et avantages commerciaux soient plafonnés pour les OTC et la parapharmacie, ce type d'officine ne pourrait survivre. Chacun doit admettre que nous sommes là dans le monde de la grande distribution avec les mêmes diktats. La croix verte apporte le « sérieux » et la « sécurité », ce qui n'est pas négligeable sur le plan du marketing !
Tributaire de la localisation, et par conséquent du prix du foncier, ce modèle est-il applicable partout ?
Ce modèle aura du mal à se développer dans les centres des grandes villes déjà saturés et coûteux en matière de foncier. C'est un modèle péri urbain. D'ailleurs, avoir une grande surface n'est pas une garantie de succès. Pour s'en convaincre, il faut avoir à l'esprit que les pharmacies qui réalisent en métropole les plus gros chiffres d'affaires disposent en général d'une surface relativement faible. Ces très grosses pharmacies agissent en effet souvent avec un autre angle d'attaque : touristes, sortie d'un RER… N'oublions pas que le bon ratio reste le chiffre d'affaires par m2 !
Quelles seront les conséquences de l’implantation de ces méga pharmacies sur le réseau ?
Il faut avoir à l'esprit que certains produits sont vendus au public dans les pharmacies « low cost » à des prix que la plupart des officines ne peuvent obtenir à l'achat ! Si on peut toujours se féliciter que les clients bénéficient de bons prix, ces nouveaux venus fragilisent le réseau officinal de proximité qui ne peut lutter à armes égales sur les produits à marge libre. Ne nous y trompons pas : l'une des raisons de la fermeture de certaines petites officines est l'apparition récente de ces méga structures.
Les pharmaciens impactés par l'ouverture de ces méga pharmacies sont contraints de réagir pour ne pas disparaître corps et biens. Souvent, la seule solution qu'il leur reste est de faire la même chose ! On commence d'ailleurs à le percevoir : la nouvelle génération de diplômés a compris que le regroupement de petites ou moyennes officines est une logique de survie économique. Des stratégies dans lesquelles le patient, le réseau et le service de santé publique sont clairement aux abonnés absents !
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