LE PLAN d’investissements annoncé la semaine dernière devrait contribuer à la création d’emplois. Il est seulement regrettable que, au nom de la « désarkozysation », le président ait interrompu le projet comparable que son prédécesseur avait lancé, et dont l’ampleur était plus grande, pour se rallier au même procédé moins d’un an plus tard. Ce qui tend à montrer que tout ce que M. Sarkozy avait fait n’était pas forcément mauvais. Le retour à des méthodes condamnées un peu vite par le pouvoir actuel implique d’ailleurs un retour aux attitudes plus volontaristes. Le quinquennat, la pression de l’opinion publique, la durée insoutenable de la crise, tout exige que le président de la République prenne des décisions de plus en plus vigoureuses et qu’il les impose à ses amis comme à ses détracteurs, en ignorant le risque d’affronter une gauche tonitruante. On ne fait rien en France si on n’exerce pas, même avec subtilité, le pouvoir personnel.
Il est temps en effet d’oublier les paroles et de passer aux actes. Le pouvoir nous a seriné un slogan, le « choc de compétitivité ». Il lui appartient d’en faire une réalité. L’époque des « Nous avons tout essayé » (Mitterrand) et des « L’État ne peut pas tout » (Jospin) est terminée. Nous n’avons pas tout essayé puisque chaque président a agi dans les limites idéologiques qu’il s’est imposées, répugnant à emprunter les méthodes de l’opposition. Ou, pour être plus exact, celles qui auraient fait rugir le peuple, lequel ne sait même pas qu’il réclame la quadrature du cercle : il veut à la fois des emplois et le plus vaste des filets sociaux. Il faudra donc expliquer à l’opinion qu’il est possible de diminuer le chômage si on diminue d’abord les dépenses publiques et si on abaisse le coût du travail. Cela, en France, on ne l’a encore jamais fait.
Mais quoi, diront les gens, réduire les salaires ? Pas du tout. Le smicard qui touche sa paye coûte une fois et demi plus cher à son employeur ; et son propre salaire est amputé de 20 % au titre des cotisations sociales. Il y a 50 ans, les prélèvements sociaux ne dépassaient pas 3 % des salaires. La solution consiste à transférer une partie des cotisations vers la TVA et de diminuer d’autant le coût du travail. Toutes choses qui font encore hurler le PS et le peuple. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à exprimer leur mépris pour les bas salaires allemands. Comme si le chômeur qui attend un emploi depuis deux ou trois ans ne préfère pas être embauché tout de suite même si le prix des produits de consommation augmente de quelques points de pourcentage. Car, effectivement, la TVA est un instrument qui comporte un inconvénient : elle frappe le consommateur plutôt que le travailleur. Mais elle disparaît à l’exportation, ce qui augmente encore la compétitivité de nos produits. Or, dans la tragédie économique, le point le plus noir, c’est le déficit de la balance du commerce extérieur, cause de la fermeture des usines.
Affronter la gauche ?
Les entreprises n’hésiteront pas à recruter un salarié qui leur coûtera moins cher mais qui sera assuré d’avoir le même niveau de vie dès lorsqu’il n’est pas question de baisser son salaire. La recette assurée par la TVA doit être identique, sou pour sou, à celle des cotisations sociales (on peut, dans un premier temps, partager le fardeau social entre les deux instruments). Avec la flexibilité, le transfert d’une partie des charges, le pacte de compétitivité, ce serait le diable si les entreprises ne créaient pas quelques centaines de milliers d’emplois en un an ou deux. Mais bien sûr, il faut froisser beaucoup de sensibilités « de gauche » pour appliquer cette méthode ; il faut affronter la gauche de la gauche ; s’empoigner avec les syndicats et avec tout ce petit monde tellement attaché aux acquis sociaux, et finalement si peu soucieux du sort des chômeurs. L’alternative, c’est l’emploi d’État, un peu ce que fait M. Hollande avec ses contrats aidés qui coûtent plus cher à la société qu’ils ne lui rapportent. L’alternative pourrait même être pire : l’économie dirigée, dont on sait par expérience les catastrophes qu’elle produit. À un socialisme qui mégote, qui cherche la compatibilité des idées et des actes, qui assiste impuissant au déclin de son propre credo, François Hollande peut substituer un socialisme pragmatique qui arrête l’épidémie en amont avant de soigner chaque malade.
Une lutte décisive contre le chômage passe par un affrontement entre Hollande et la gauche
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