AVANT même de s’attaquer à la prescription proprement dite, la bonne connaissance du profil physiopathologique du patient est le préalable indispensable pour écarter certains risques ; une étape que n’effectuent d’ailleurs pas toujours correctement les logiciels d’analyse de prescription ! Démonstration faite avec le cas de patient atteint d’hypertrophie bénigne de la prostate (car recevant notamment Avodart et Omix LP) dont l’ordonnance comportait du Noctran. En effet, ce dernier médicament renferme deux neuroleptiques phénothiaziniques (acépromazine et acéprométazine), dont le profil anticholinergique ne doit pas être méconnu en raison du risque de rétention urinaire aiguë auquel ils exposent ce type de patient.
Un autre cas intéressant présenté par Geneviève Grison concernait la prescription de Solupred chez un patient souffrant d’un herpès orofacial (Zélitrex) dans l’espoir d’atténuer un prurit important. Pourtant, précise l’AMM, l’emploi de ce stéroïde est contre-indiqué dans les états infectieux en général et certaines viroses en évolution, en particulier, notamment les hépatites, l’herpès, la varicelle et le zona.
Plan de prise.
Les problèmes concernant les plans de prises doivent être aussi identifiés, comme par exemple en ce qui concerne la venlafaxine qui doit être toujours absorbée en une seule prise quotidienne et non pas matin et soir comme indiqué par erreur par le prescripteur.
Plus complexe, ce cas d’une prescription d’Emend (aprépitant, un antagoniste des récepteurs de la substance P), un médicament d’exception (qui doit à ce titre être prescrit sur une ordonnance à quatre volets - ce qui n’avait pas été fait en l’espèce - pour pouvoir être pris en charge par les organismes de sécurité sociale) utilisé dans les chimiothérapies hautement émétisantes, dont l’emploi s’inscrit dans un schéma très strict, comprenant une posologie de 125 mg le premier jour et 80 mg les deux jours suivants et associant l’administration concomitante de dexaméthasone et d’ondansétron.
Gare aux erreurs de clic.
Attention aussi à ne pas baisser la garde face à une prescription bien imprimée émanant d’un logiciel de prescription médicale. Gare aux erreurs de clic de ligne ! Dans le cas présent, l’ordonnance mentionnait 10 mg par jour de bromocriptine pendant 15 jours pour un arrêt de lactation, alors que dans cette indication, c’est le dosage 2,5 mg qui doit être utilisé ; rappelons à ce sujet qu’une posologie progressive est recommandée afin de minimiser les effets indésirables, surtout digestifs à type de nausées.
L’ajout par le médecin d’un médicament pour un usage temporaire à un traitement chronique peut réserver bien des surprises. Comme c’est le cas de la prescription d’un sirop antitussif renfermant un opiacé la pholcodine (Dimétane), chez une jeune asthmatique (les opiacés sont contre-indiqués chez ces patients) ou encore celle d’une solution buvable Tussipax chez une diabétique traitée notamment par un sulfamide hypoglycémiant, Diamicron, (exposant au risque d’un effet antabuse fort désagréable en raison de la présence d’alcool). Même apparentement terrible pour ce patient sous antivitamine K (Préviscan), qui, se rendant dans une zone supposée impaludée, s’est vu prescrire du Doxypalu, dont la prise est connue pour exposer à un risque de majoration de l’effet anticoagulant (du fait de son action sur la flore intestinale productrice de vitamine K, comme aussi les fluoroquinolones, macrolides et céphalosporines).
Vigilance sur le mode d’administration.
À propos des solutés buvables et des sirops, Geneviève Grison invite à la plus grande vigilance. Elle conseille notamment de vérifier systématiquement les dosages en fonction de l’âge et de toujours penser à ouvrir les conditionnements à la recherche d’éventuels cuillères-mesures ou gobelets doseurs. La pharmacienne recommande en effet de bien expliquer le mode d’administration, surtout lorsque l’ordonnance n’est pas très explicite à ce sujet, voire entachée d’erreur, comme la mention de cuillères sans en préciser le type et donc la contenance !
Pour finir, Geneviève Grison accorde une mention spéciale au Dossier Pharmaceutique, dont l’usage systématique est précieux, notamment pour les personnes en déplacement. Illustration avec cette patiente qui pour une sciatique subite s’était vue prescrire par un médecin « local » un anti-inflammatoire non stéroïdien par voie intramusculaire, alors que celle-ci était sous Préviscan. Or, aucun pharmacien n’ignore qu’il existe dans ce cas un risque de survenue d’hématomes.
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