Aujourd’hui bâillonnés, de nombreux officinaux ne peuvent plus envisager l’avenir sans communiquer sur leur savoir faire. D’autant que des secteurs concurrents (GMS, parapharmacies) sont, eux, libres de faire de la publicité. Le Conseil national de l’Ordre (CNOP) en a conscience et a lancé à la fin de l’année dernière une vaste consultation sur le sujet, avec pour objectif de faire évoluer les Codes de déontologie et de la Santé publique.
« Beaucoup de pharmaciens titulaires ont le sentiment que les règles en matière de publicité et de communication sont inadaptées, explique Alain Delgutte, président du Conseil central de la section A (titulaires). Bien souvent, le pharmacien doute de ses possibilités d’agir dans certains domaines, laissant la place aux plus habiles ou aux plus hardis. C’est pourquoi, la remise à niveau des textes doit permettre à tout le monde de disposer d’un corps de règles claires, adaptées, connues et partagées. » Dans ce cadre, l’Ordre a donc fait des appels à contributions notamment auprès des syndicats, des étudiants et des groupements. Ces derniers ont rendu leur copie le 26 janvier dernier, indiquent les deux vice-présidentes de Federgy, Laurence Bouton (directrice générale du groupement Alphega) et Laetitia Hible (présidente du groupement Giphar). Au total, la chambre syndicale formule pas moins de huit propositions d’amendement au Code de déontologie, assortie d’une proposition de modification du Code de la Santé publique permettant d’acter la reconnaissance des groupements.
« Notre travail de synthèse s’est appuyé sur l’ensemble des contributions des seize groupements adhérents de Federgy en réponse au questionnaire très pointu transmis par l’Ordre des pharmaciens », expose Laurence Bouton, qui se félicite par ailleurs de cette considération des groupements en tant qu’acteurs essentiels de la profession.
Concrètement, trois thématiques ont été retenues par la chambre syndicale pour définir les axes de communication du pharmacien. Il s’agit tout d’abord d’évoquer la communication et la promotion au sein de l’officine, principalement au travers de la vitrine. Pour elle, la communication doit être également diffusée et maîtrisée en externe, dans la presse et les publications. Enfin, il convient, selon Federgy, d’aborder de manière prospective la communication dans l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), ainsi que dans le développement des réseaux sociaux.
Une délégation de tâches
Pour atteindre ces objectifs, une mutation s’impose dans un environnement réglementaire contraint. « À l’exception du rachat des officines, la communication officiellement autorisée s’arrête aujourd’hui à la vitrine et aux pages jaunes, avec tact et mesure. Il est aujourd’hui plus que jamais indispensable de moderniser et de maîtriser la communication, car elle est devenue vitale hors et dans la pharmacie », martèle Lætitia Hible. En aucun cas, souligne de son côté Laurence Bouton, « la situation de monopole de la pharmacie ne doit être une entrave à la communication du savoir-faire différenciant de la profession pharmaceutique ».
Cependant, la modernisation de la communication des pharmaciens, et tout particulièrement sa digitalisation, ne peut faire l’économie d’une mutualisation des moyens. Car quels acteurs, sinon les groupements, peuvent aujourd’hui mettre les outils modernes de communication à disposition des pharmaciens démunis face aux méthodes de la GMS ? s’interroge la chambre syndicale. Federgy souhaite un mode de fonctionnement par mandat. « Le pharmacien déléguera, par contrat, sa communication à son groupement, de la même manière qu’il le fait déjà pour ses achats », décrit Lætitia Hible. Elle précise que la proposition consiste à confier l’encadrement a posteriori aux autorités de tutelles. Federgy s’engage à être garant d’une communication professionnelle, responsable, efficace et visible. Mais si la chambre syndicale est force de propositions, la responsabilité de la communication restera toutefois aux mains de chacun des groupements.
L’ensemble de ces dispositions a fait l’objet d’une proposition écrite à l’Ordre national des pharmaciens. « Il faut être en adéquation avec la réalité du marché et pouvoir se battre à armes égales avec les concurrents de la pharmacie qui sont, eux, en dehors de la déontologie de la profession », argumente Laurence Bouton.
Une déclaration qui sonne comme le message de la dernière chance. Les représentantes de Federgy n’hésitent pas à le dire : « Si le code de déontologie ne bouge pas, on repart pour vingt ans et "l’ubérisation" de la profession de pharmacien sera d’autant plus aisée. » L’Ordre publiera la synthèse des réflexions à la fin du premier semestre.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion