CONTREPOINT

« L’augmentation du forfait à la boîte de 10 centimes d’euros accroît encore la dégressivité de la marge », estime Claude Japhet. Il ajoute : « revaloriser le forfait donne immédiatement de l’argent, mais pour seulement un an. » On l’aura compris, le président de l’UNPF n’adhère pas à la proposition de l’USPO. D’autant que selon lui, elle accroît encore les écarts entre les confrères. « À chiffres identiques, deux pharmacies peuvent se retrouver avec des marges sur le médicament remboursable variant de 18 % à 23 %, explique-t-il. En rajoutant les conditions commerciales, on se retrouve à pratiquement 9 points d’écart entre deux pharmacies ». Quand on augmente le forfait de 10 centimes d’euro, c’est encore pire. « Les officines qui ont une marge de 18,5 % ne gagnent que 0,6 point, tandis que celles à 24 %, gagnent 1 point, observe-t-il. Non seulement on ne gagne pas en tendancielle, mais, en plus, on continue à accroître les écarts. » Or, si l’on veut aller vers un système de services rémunérés, il faut d’abord resserrer les écarts, au risque d’aller à la catastrophe. « Les pays qui ont opté pour ce système ont subi de la casse, fait remarquer le président de l’UNPF. Contrairement à nous, ils étaient pourtant sur des systèmes plus ou moins linéaires, sans trop de distorsion entre pharmaciens. Alors, imaginez les conséquences lorsque vous partez avec des différences de 8 à 9 points entre les confrères. »

Philippe Gaertner pointe, pour sa part, l’absence de mesures compensatrices dans le projet de l’USPO. « Tant qu’elle n’est pas gagée, elle coûte 170 millions d’euros à l’organisme payeur », insiste-t-il. Car, à ses yeux, le financement de l’augmentation du forfait par un transfert de prise en charge du petit risque de l’assurance-maladie vers les complémentaires est très hypothétique et impossible à chiffrer précisément. Et pour lui, c’est clair, les pouvoirs publics n’accepteront aucune proposition ne prévoyant pas de mesures de financement.