TRÈS DOCUMENTÉS, les articles publiés par « le Monde » n’auront pas manqué de convaincre ses lecteurs que le comportement de l’IGS a été anormal, pour ne pas dire illégal. Des fonctionnaires, dont deux ont perdu leur emploi et ont été traités comme des criminels, des abus de pouvoir commis par les enquêteurs, des méthodes relevant du totalitarisme et la négation absolue de la présomption d’innocence. La dramatisation inhumaine de ce qui n’aurait dû être qu’une petite enquête de routine n’a pas empêché la justice, au terme de quatre ans, de proclamer l’innocence des personnes soupçonnées. Yannick Blanc vient de réclamer la réintégration de deux subordonnées impliquées par des enquêteurs anormalement zélés. M. Guéant n’a pas grand-chose à dire sur cette affaire, sinon que les informations publiées sont tronquées. Mais quand on a lu les abondants articles du « Monde », on n’a pas le sentiment qu’il manque beaucoup d’éléments au récit de l’affaire. On en retire plutôt l’impression qu’il s’agissait d’une sorte de complot fomenté par l’État.
L’affaire, évidemment, se retourne maintenant comme un boomerang contre l’IGS et contre ceux qui lui ont donné l’ordre d’agir. Elle ne sera pas terminée avant plusieurs mois ou plusieurs années. Pour la gauche, qui s’élève contre ce scandale avec une indignation somme toute compréhensible, c’est quand même du pain bénit : voilà qui va conforter cette partie de l’électorat dont l’aversion pour le président sortant demeure très vive. Toutefois, ce n’est pas sous-estimer le talent des journalistes du « Monde » que de s’interroger sur la multiplication des révélations que semble alimenter la campagne électorale. De l’affaire Bettencourt à l’affaire Karachi, les multiples et désormais tolérées violations des instructions tendent non seulement à confondre la droite ou ses acteurs passés et présents, mais à associer, parfois sans la moindre preuve, le nom de Nicolas Sarkozy au scandale. Le président actuel aurait touché une enveloppe d’argent des mains de Liliane Bettencourt pour sa campagne de 2007 ; il aurait approuvé le système des rétrocommissions dans la vente au Pakistan de sous-marins français. Il nous semble pourtant très improbable que l’on puisse jamais prouver de telles accusations, dont l’une ne repose que sur un témoignage isolé, donc impossible à corroborer, et l’autre relève, apparemment, d’une construction de l’esprit.
Un plan tortueux
On ne prête qu’aux riches : le président étant largement impopulaire pour des raisons plus liées à son comportement personnel qu’à ses idées, la gauche trouve logique de le confondre un peu plus en lui attribuant des stratagèmes machiavéliques et totalement irrespecteux du droit. Il serait vilain et méchant à la fois. Ce n’est pas voler au secours de l’opposition que de convenir que, dans l’abondante littérature que forment les réflexions parfois apocryphes mais souvent avérées du chef de l’État, il y a de quoi se convaincre que M. Sarkozy est capable de monter un coup fourré. Mais qu’il le fasse au mépris de la prudence la plus élémentaire est une insulte à son intelligence. On se demande, par exemple, pourquoi, pour écarter un homme comme M. Blanc, qui ne figure pas au hit parade des notoriétés nationales, le pouvoir aurait conçu un plan aussi tortueux et dangereux. Pour le moment, peut-on avancer l’idée que les quatre malheureux fonctionnaires de la préfecture de police ont été plutôt victimes de la bêtise caporaliste des enquêteurs de l’IGS ?
On verra ce qu’il faut en penser au terme de l’enquête judiciaire sur les méfaits de l’IGS. En attendant, force est de constater que, décidément, et en dépit de la placidité avec laquelle, grâce à notre expérience historique, nous accueillons les excès de toute campagne électorale, celle-ci est encore plus violente que les précédentes. C’est de bonne guerre : la presse de droite ne se prive pas non plus de bombarder François Hollande et le PS. Il est possible que l’État sarkozyste ait voulu écarter un fonctionnaire de sensibilité socialiste, ce qui est extrêmement répréhensible et même « honteux », comme le répète Martine Aubry à satiété. Il n’empêche que des « sources » engagées à gauche alimentent tous les jours la presse de gauche. Dans les rouages de l’État, c’est-à-dire dans la fonction publique, une discrète, mais puissante, mobilisation des « forces de gauche » s’efforce d’achever le quinquennat moribond.
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