Joan Miró (1893-1983) invente un nouveau langage pictural, ni abstrait ni concret. « Ceci est la couleur de mes rêves », titre d’un de ses tableaux, aurait pu être celui de l’exposition du Grand Palais (1), comme le dit son commissaire Jean-Louis Prat, ancien conservateur de la fondation Maeght, car c’est à partir d’un détail que le peintre déclenche une nouvelle vision, un nouveau monde, et ce n’est pas la nuit qu’il rêve mais en travaillant.
Entre la Catalogne et Paris, les attachements de Miró sont multiples – sa terre d’origine (« la Ferme »), Mont-roig, l’art catalan, Gaudi, les signes des grottes d’Altamira. Mais il n’adhère à aucune école et remet toujours en cause son langage pictural.
À son arrivée à Paris, il retient la couleur expressive des fauves, l’inspiration cézanienne du cubisme, puis un système de signes. Pour métamorphoser le réel en imaginaire auprès de ses amis, poètes, écrivains, surréalistes, Michel Leiris, Louis Aragon, Paul Éluard, Tristan Tzara.
La montée du fascisme lui inspire des formes monstrueuses, grotesques, inquiétantes, et les peintures sur masonite de 1936 recouvertes de matériaux divers sont des « exorcismes, violents, instinctifs ». Dans le Pavillon républicain de l’Exposition universelle de 1937, son « Faucheur » fait face au « Guernica » de Picasso. À Varengeville en 1939-1941, près de son ami Braque, il explore le monde des « Constellations », un nouveau rapport à l’espace, avec une nouvelle langue idéographique de pictogrammes.
Après la guerre et son séjour à New York, il adopte un langage plus codifié, où dominent les femmes, les astres et les oiseaux. À Majorque, il crée en 1960 ses premières œuvres monumentales, les « Bleu » I, II, III, très épurés. Son esprit, toujours à la recherche de nouvelles intuitions, le porte vers les céramiques, un art populaire métamorphosé par le pouvoir du feu. Les sculptures, assemblages d’objets trouvés, créent un monde insolite et burlesque, et lorsqu’elles sont fondues en bronze et recouvertes de couleurs, elles trouvent toute leur puissance.
Jusqu’à ses dernières toiles, comme « l’Espoir du condamné à mort », hommage au dernier condamné à mort catalan de Franco, son langage poétique personnel ouvre les portes de l’espoir.
Disparus à 28 ans
La Fondation Louis Vuitton (2) a réuni deux artistes majeurs du XXe siècle pour leur fulgurance et leur rupture avec le système académique et la peinture de leur temps, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Egon Schiele (1890-1918), tous les deux marqués par une fureur de vivre et décédés à 28 ans.
Basquiat quitte l’école pour la rue, son premier atelier de graffeur. D’une grande culture artistique, pendant huit ans, avec ses copier-coller, graffitis, bandes dessinées, l’insertion de mots et de phrases, il s’attaque au racisme, à la reconnaissance des Noirs et de leur culture, au pouvoir de l’argent et à la mort. L’exposition propose un parcours chronologique de 135 œuvres, avec quelques-unes de ses plus belles pièces.
Schiele représente l’un des sommets de l’expressionnisme et, avec 120 œuvres, on le suit autour de sa ligne. Fluide et ornementale, inspirée de Klimt, contorsionnée dans ses autoportraits anguleux, tridimensionnelle puis fragmentée sur des portions de corps et leur sexualité. Un expressionnisme angoissant.
(1) Jusqu’au 4 février. Tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr
(2) Jusqu’au 14 janvier. Tél. 01.40.69.96.00, www.fondationlouisvuitton.fr
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