DELPHINE LE SAUSSE a appris le ski quasiment en même temps que la marche. « Mon grand-père était professeur de sport, explique-t-elle. Depuis toute petite, j’ai toujours pratiqué des activités physiques. J’ai commencé le ski alpin à deux ans. J’ai également fait du tennis, du volley, de l’aviron. Mais c’est le ski alpin qui m’a le plus séduite. On en faisait le week-end, pendant les vacances, et parfois même le mardi soir. » Dès 7 ou 8 ans, elle commence la compétition, qu’elle poursuit durant toute sa scolarité. Ce qui ne l’empêche pas de suivre avec succès des études de pharmacie. Diplômée de la faculté de Montpellier en 1998, la jeune femme reprend la pharmacie de son père, située à Sète, lorsqu’il décède l’année suivante. « J’ai été diplômée à 22 ans et je me suis retrouvée tôt aux manettes », confie-t-elle. En parallèle de ses activités à l’officine, elle continue ses activités sportives.
Mais en 2004, sa vie bascule. Un accident de ski la prive en partie de l’usage de ses jambes. « Au début je n’ai pas vraiment réalisé, se souvient Delphine Le Sausse. Je ne bougeais plus trop mes jambes. Puis j’ai compris que j’étais paralysée. J’ai été hospitalisée six mois, de janvier à juin. Certains me disaient que je pourrais reprendre le ski, en étant assise, mais moi je ne voulais pas. » Pourtant, dès 2004, la jeune femme décide de se battre et achète un premier fauteuil de ski. « C’est très dur de recommencer à zéro. Je n’avais pas le souvenir d’avoir débuté et là, je devais tout réapprendre. » Le regard des autres est aussi très difficile à supporter. « Lors d’une sortie avec le comité handisport de Savoie, j’ai entendu une dame lancer "ça leur fait du bien de sortir de temps en temps !" Mais, par la suite, les gens sont un peu scotchés quand on les double sur les pistes. » À force de persévérance et de volonté, Delphine Le Sausse retrouve un bon niveau en ski alpin. « C’est difficile de trouver le bon endroit et le matériel adapté. Mais, dans le sport, on apprend le dépassement de soi. » Et peu à peu, le plaisir du ski reprend le dessus. « Dès que le plaisir est au rendez-vous, c’est gagné ! »
Pluie de médailles.
En parallèle au ski alpin, elle se met au ski nautique et reprend la compétition. Ses efforts finissent par payer et Delphine Le Sausse devient l’une des 10 meilleures skieuses mondiales en catégorie assise. De plus, elle remporte neuf fois le titre de championne du monde en quatre compétitions de ski nautique, en 2007, 2009, 2011 et 2013*. Malheureusement, en 2010, elle est obligée d’arrêter la compétition de haut niveau en ski alpin. « À la Fédération française de ski, ils n’ont pas de professions libérales dans le sport de haut niveau. Les salariés de la SNCF ou d’EDF, par exemple, touchent leur salaire pendant 6 mois sans se rendre au travail, ce qui n’est pas mon cas. De plus, je devais me déplacer à Tignes pour les entraînements et c’était très fatigant pour moi. » Elle continue le ski alpin pour le plaisir et participe encore à quelques événements, tels que le Derby des Pyrénées, une compétition de Free ride qui rassemble des sportifs valides et handicapés. « Je préfère ce type de compétition, car je n’aime pas être mise dans des cases par rapport à mon handicap, confie Delphine Le Sausse. Je ne veux pas que l’on me définisse comme handicapée. »
Désormais, elle privilégie les compétitions de ski nautique. « L’entraînement est moins long, il peut se faire en deux séances d’un quart d’heure », explique-t-elle. Elle réserve le mercredi matin, le vendredi après-midi et le week-end à cette activité. Son adjointe la remplace lors de ces absences.
À 38 ans, Delphine Le Sausse espère pouvoir encore pratiquer sa passion à un haut niveau pendant quelques années. « Même si les petits jeunes qui arrivent nous poussent, les athlètes handisports poursuivent généralement leur carrière plus longtemps que les athlètes valides », commente-t-elle. Tant que le beau temps reste au rendez-vous, elle termine la saison de ski nautique. Et après ? « Je vais attendre que la neige tombe », sourit-elle…
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