LE DÉCRET relatif aux missions des pharmaciens d’officines correspondants est d’une extrême importance du fait que non seulement il replace le pharmacien d’officine dans son rôle de professionnel de santé libéral, mais que, en plus, il replace le malade au cœur de notre activité.
En laissant le choix au patient de désigner son pharmacien correspondant, le décret place le pharmacien au même niveau que les autres professionnels de santé, c’est-à-dire que le choix du patient ne peut reposer que sur des critères de compétences et de qualité de services, mais, surtout, il désigne un professionnel de santé chargé de suivre personnellement chacune de ses dispensations.
Avant même de penser à une éventuelle rémunération, il faudrait avant tout savoir si le mode d’exercice actuel est compatible avec ce décret. La notion de patient consommateur, mise en avant par les groupements ou les enseignes, est la base de la majorité des stratégies de développement où le malade chronique disparaît complètement au profit du consommateur. En revendiquant 21 000 pharmacies adhérentes sur 23 000 officines, soit plus de 90 % des officines, les groupements démontrent que leurs orientations économiques, privilégiant la distribution, sont majoritairement approuvées. Le fait qu’un groupement comme le GIPHAR communique sur son adhésion à la Fédération des enseignes du commerce associé où il côtoiera, entre autre, les parapharmacies Leclerc, montre l’ambiguïté de notre mode d’exercice actuel, où la démonstration d’une orientation de plus en plus commerciale semble être la ligne directrice des développements futurs.
L’entrée en vigueur de ce décret étant immédiate, il faut déterminer le plus rapidement possible les pharmaciens qui pourront être pharmacien correspondant en fonction de leur éthique professionnelle et de l’image qu’ils véhiculent. Il est évident que la profession ne pourra plus accepter que des pharmaciens continuent de s’appuyer sur une image de discounters, ou sur l’exclusivité d’une marque ou encore sur la communication d’une enseigne pour capter de la clientèle tout en ayant la possibilité d’être pharmacien correspondant, sous peine de perdre toute crédibilité auprès des pouvoirs publics, parce qu’il sera alors possible à un professionnel de santé de prospérer sans remplir les missions qui lui sont confiées, le modèle économique actuel privilégiant ouvertement la distribution.
L’enjeu économique est d’importance parce que le choix du mode d’exercice va devenir primordial et que l’on doit s’attendre à une redistribution du chiffre d’affaires officinal.
Au gré des déremboursements et des baisses de prises en charges, 90 % des dépenses remboursées actuellement par la Sécurité Sociale pour les produits prescrits sont dues aux pathologies chroniques. Le fait d’être choisi comme pharmacien correspondant va entraîner le suivi de la globalité de la médication du patient, le rôle du pharmacien correspondant s’étendant à « identifier les interactions avec d’autres traitements en cours dont il a connaissance. Il s’assure du bon déroulement des prestations associées ». Être choisi comme pharmacien correspondant va accentuer la fidélisation, déjà très forte, des malades chroniques envers leur pharmacien de proximité.
Ce décret devrait permettre à nos syndicats d’obtenir le ballon d’oxygène qu’ils réclament pour les pharmacies de proximité. En s’appuyant sur le fait que l’exercice du pharmacien d’officine est personnel, que le pharmacien de proximité est le seul dont l’économie dépend quasi exclusivement de la fréquentation des patients chroniques, nos syndicats pourraient alors négocier rapidement une nouvelle convention intégrant une rémunération spécifique de pharmacien correspondant, à destination des seuls pharmaciens de proximité ayant démontré auprès de l’Ordre que la compatibilité de leur image et de leur mode d’exercice était en accord avec ce nouveau statut de pharmacien correspondant.
Une telle initiative permettrait de redonner une attractivité économique immédiate aux petites officines de proximité ou rurales en restaurant leur rentabilité, permettrait également de restructurer le réseau sur la base du service rendu aux malades chroniques et montrerait que la profession est capable de proposer une rémunération ciblée sur les seules officines ayant des difficultés sans augmenter les coûts d’une façon trop importante. Libre alors aux pharmaciens d’officine de faire le choix d’un mode d’exercice ou d’une image leur permettant d’accéder à cette rémunération.
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