La situation est catastrophique pour toutes les entreprises. Ma pharmacie est installée dans un centre commercial, mon officine est donc fermée depuis trois semaines. Après une réunion avec mon équipe, nous avons décidé de déposer un dossier de chômage partiel car nous avons épuisé toutes nos ressources. Trois autres officines, également installées dans la galerie commerciale d’une grande surface, sont dans la même situation, d’autres ont dû baisser leur rideau sous la pression des manifestants. Les pharmacies ouvertes connaissent aussi beaucoup de difficultés car elles reçoivent peu de patients et la grande majorité de leurs ventes concerne du remboursable. Mais les services de la Sécurité Sociale sont en grève. Cette situation de blocage ne s’était jamais produite auparavant, je ne sais pas où va notre économie mais il va lui falloir du temps pour se remettre de cette crise. J’ai eu l’espoir que la grève prendrait fin la semaine dernière mais il y a toujours des prolongations et je crains de rester fermé encore toute cette semaine. Nous étions déjà dans une situation peu confortable avec la baisse imposée de 3 % du prix du vignetté. Aujourd’hui, quatre officines sont en redressement judiciaire, une quinzaine d’autres connaissent de grosses difficultés de trésorerie.
Entre 30 et 40 officines ont été contraintes de fermer pendant la grève. Néanmoins, le service public a été maintenu au mieux pour la délivrance des médicaments. Les pharmacies des centres commerciaux et des centres ville ont été les plus touchées. Certaines doivent se déclarer en chômage technique, d’autres vont devoir trouver des solutions pour éviter de déposer le bilan. Beaucoup s’arrangent déjà avec leurs fournisseurs pour allonger leurs délais de paiement.
Les pharmacies sont bloquées par la grève générale depuis le 5 février. Si certaines sont encore ouvertes, celles qui sont situées dans des centres commerciaux ou en centre-ville comme la mienne ne le peuvent pas. J’ai lancé pour mot d’ordre de ne pas envenimer les choses et d’obtempérer si les manifestants demandent aux pharmaciens de fermer leur boutique. S’ajoute le problème de l’essence : le pharmacien fait partie des personnes prioritaires pour s’en procurer mais pas le reste de son équipe. Des blocages routiers sont prévus dans certaines zones, ce qui veut dire que l’un des grossistes sera dans l’impossibilité de livrer. Tout cela m’amène à penser que nous aurons de grosses difficultés à assurer un service normal. Il y a un an, les pharmaciens martiniquais s’étaient mis en grève pour des problèmes de pouvoir d’achat, rappelant nos charges extérieures très élevées dues au fait de vivre dans un département d’Outre-Mer et des soucis de trésorerie parce que nos coûts ne font qu’augmenter. Nous étions malheureusement les précurseurs de la grève d’aujourd’hui. Je suis en redressement judiciaire depuis cet été, une dizaine d’autres pharmacies sont concernées. Avec les grèves des banques et de la Sécurité sociale, les soucis de trésorerie vont être encore plus aigus. Enfin, l’ouverture des officines est aussi plus difficile, ou au moins restreinte, car nombre d’employés sont en grève, incités par leur syndicat. Je suis président de syndicat, donc à même de comprendre les motivations syndicales des équipes.
Pour l’instant, nous vivons la grève au jour le jour et minute après minute. Les pharmacies qui sont sur le trajet des manifestations ont été obligées de fermer, tout comme celles situées dans les centres commerciaux. Des membres des équipes officinales, sollicitées par téléphone dans la pharmacie, se mettent en grève sans savoir qu’ils ne seront pas payés. Des blocages routiers sont annoncés. Les axes sont encore libres actuellement mais je crains que cela ne dure pas. Pour le moment, nous sommes approvisionnés dans la journée, ce qui nous permet d’assurer un service de santé publique.
Étant donné les événements en Martinique et en Guadeloupe, La Réunion ne devrait pas tarder à suivre. Néanmoins, pour beaucoup de pharmaciens, huit jours d’inactivité ce n’est pas envisageable. Dès que nous sommes dans le rouge, les banques bloquent tout et nous signalent à la Banque de France. Les demandes d’autorisation et d’augmentation de découvert sont systématiquement refusées. Nous sommes déjà dans une situation compliquée avec la baisse de prix des vignettés de 3 % entérinée en mai. Il y a déjà quatre ou cinq pharmaciens en redressement judiciaire, trois ou quatre qui sont maintenus sous perfusion par des assouplissements de leur délai de paiement par des grossistes. Nous allons rappeler à M. Fillon ses déclarations de l’époque. Il s’était engagé à revoir cette mesure si elle engendrait le redressement judiciaire d’une seule officine.
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