Médecins urgentistes au Centre Hospitalier de Troyes, les Drs Arnaud Devillard et Jérémie Goudour ont créé cette structure, « Télémédical Distribution », pour répondre aux besoins observés dans les « déserts médicaux » du département, mais en l’intégrant dans le tissu sanitaire local existant. « Il n’est pas question de faire de l’ubérisation médicale ni d’ouvrir des hotlines à l’autre bout du monde », ont-ils expliqué lors d’un atelier organisé par l’Association de Pharmacie Rurale (APR) lors du Congrès des pharmaciens de Strasbourg.
Concrètement, les 5 pharmacies disposeront de « cabines de télémédecine », fournies le plus souvent par les communes. Elles organiseront ces téléconsultations avec des rendez-vous pour le jour même ou au plus tard, le lendemain. Ce sont les pharmaciens, mais pas les préparateurs, qui effectueront les actes nécessaires au médecin à distance, comme les prises de clichés ou les auscultations. Ensuite, le médecin rédigera une ordonnance, télétransmise au patient. Selon les expériences étrangères qui ont servi de modèle aux médecins de l’Aube, les téléconsultations permettent dans 65 % des cas d’éviter une consultation présentielle.
Une prise en charge nécessaire
Yves Noizet, président du syndicat des pharmaciens de l’Aube, se félicite de l’initiative mais rappelle qu’il faudra la valoriser pour la pérenniser : « pour le moment, c’est un service que nous allons proposer gratuitement aux patients mais, à terme, il faudra obtenir une rémunération d’un euro par minute pour que l’activité soit viable ». Réclamant lui aussi cette en prise en charge, Albin Dumas, président de l’APR, ajoute que la téléconsultation en officine illustre parfaitement le combat des pharmaciens contre les déserts médicaux : « En cela, le retour pour la profession et son image est déjà très important ».
Lors de sa présentation, le Dr Goudour a insisté sur les règles très strictes qui autorisent désormais la prise en charge des téléconsultations par l’assurance-maladie, et auxquelles répond justement ce projet local. Conformément à l’avenant n° 6 de la Convention médicale, les téléconsultations doivent s’inscrire dans le parcours de soins coordonné pour être remboursées. Elles doivent être effectuées soit par le médecin traitant, soit avec l’accord de ce dernier. De plus, le médecin téléconsultant doit avoir vu le patient au moins une fois en présentiel au cours des 12 derniers mois. Principales exceptions à ces règles, les patients sans médecin traitant et ceux dont l’état de santé n’est pas compatible avec de longs délais d’attente.
Dans tous les cas, le médecin téléconsultant cotera l’acte avec une lettre clé spécifique, pris en charge pour un montant de 25 euros. À l’inverse, les téléconsultations librement demandées par un patient hors de ce parcours, souvent auprès de sociétés d’appel médical, ne sont pas remboursées.
Le Dr Goudour a justement appelé les pharmaciens à se montrer vigilants sur ce point, car « de nombreux démarcheurs commerciaux viennent proposer aux officines d’accepter une cabine de télémédecine, en leur expliquant que les actes seront remboursés, alors qu’ils ne respectent pas les conditions nécessaires à cette prise en charge. Dans ce cas, les a-t-il prévenus, le patient en sera entièrement de sa poche ».
D'après un atelier organisé par l’Association de Pharmacie Rurale (APR) lors du Congrès des pharmaciens de Strasbourg.
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