À CHIRAC, en Lozère, le manque de médecins se fait durement sentir et l’impact sur la survie des pharmacies locales est en jeu. « Le seul médecin du village est parti à la retraite. Pour l’instant la clientèle reste, mais le chiffre d’affaires stagne et nous n’avons pas d’autres solutions que de restreindre les frais, explique Raymond Magne, installé depuis 1977. Mon seul atout, c’est la proximité de l’autoroute, qui entraîne une augmentation de la population. » « La rentabilité des affaires est un problème majeur. Le chiffre d’affaires stagne ou baisse, avec l’effet conjugué du manque de prescripteurs et des différentes mesures politiques pour restreindre la consommation de médicaments », affirme Guy Christelle, installé depuis 30 ans à Pure, un village de 700 habitants dans les Ardennes. Pour l’instant, il y a un médecin, installé depuis 29 ans, dans un village voisin de 500 mètres, Messincourt. « Mais dans combien de temps va-t-il prendre sa retraite ? Trouvera-t-il un successeur ? », s’interroge Guy Christelle, qui a décidé de ne pas remplacer un préparateur en congé parental pour alléger les charges.
Recherche médecin désespérément.
Monique Faure, à Liart, dans les Ardennes, retrouve un peu d’espoir : « Depuis trois ans, le dernier médecin du village s’est arrêté. Mon chiffre d’affaires a baissé, puis stagné. Mais, nous avons un maire très dynamique qui a multiplié les tentatives pour inciter un nouveau médecin à s’installer. Il a finalement trouvé un médecin roumain qui devrait arriver le mois prochain. La mairie paye son installation, depuis le cabinet aux outils informatiques, en passant par le matériel. Elle lui offre aussi un logement. » La panacée ? « C’est une solution mais je crains le problème de la langue avec les patients. Il faut connaître les noms des pathologies, des médicaments… Nous devrions nous en sortir avec des prescriptions en DCI », espère-t-elle.
Pour parer à la désertification médicale, le ministère de la Santé et les collectivités locales misent sur les futures maisons de santé qui regrouperont plusieurs médecins et paramédicaux. « Une maison médicale est prévue dans le bourg voisin de La Tour de France. Que feront nos deux médecins ? Rejoindront-ils cette structure ? Dans ce cas, mes clients achèteront les médicaments en sortant, auprès de mon confrère installé dans cette commune », s’inquiète Françoise Rouve. Le pharmacien local ne fournira plus que les renouvellements d’ordonnance. Ce qui signifie encore une baisse de revenus. « Cela entraînera également l’absence de solution de premier recours à proximité, alors que la population est âgée et souffre de nombreuses pathologies. Les économies d’échelle ne sont pas une solution pour la santé de proximité », souligne Guy Christelle.
Absence de médecins, médecins en vacances non remplacés… « Il est difficile de travailler avec un médecin absent, constate Monique Faure. Nous avons donc un rôle de premier recours et de conseil. Nous avançons parfois les médicaments car nous ne pouvons laisser un diabétique ou un hypertendu sans traitement. » Le problème semble insoluble. « Nous avons une loi de démographie médicale qui ne permet pas de création dans un bassin de moins de 2 500 habitants. Les médecins n’ont pas cette contrainte », note Guy Christelle. « Notre maillage est bon mais encore faut-il le maintenir », ajoute Raymond Magne. « Les autorités insistent sur la nécessité de revaloriser le rôle du pharmacien, souligne Guy Christelle. En milieu rural, c’est déjà fait. Depuis des années, nous prenons la tension des clients. Nous faisons de la prévention, nous gérons les petits bobos, donnons des traitements et des conseils pour une varicelle, après la fermeture du cabinet médical. Pour rentabiliser l’officine, nous élargissons notre activité sur l’orthopédique, le matériel de maintien à domicile. Ainsi, ce midi je suis allé livrer un lit. Cependant, en sortie d’hôpital, les patients rentrent à domicile avec l’oxygénothérapie, parfois avec des appareils orthopédiques. Nous subissons déjà la concurrence des grandes pharmacies de ville qui pratiquent des tarifs très bas sur la parapharmacie. Que nous restera t-il ? » « Il est notamment prévu de forfaitiser le budget des maisons de retraite. Cela serait catastrophique pour nos officines. Nous sommes en train de déstabiliser les pharmacies rurales », conclut Raymond Magne.
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