LE PIRE, pour le gouvernement de François Hollande, c’est qu’il semble constamment à contre-courant. Il a créé des dépenses nouvelles quand c’était un sacrilège. Il a lancé le pacte de compétitivité quand on conteste les plans de rigueur.
Le président de la République, avant et après avoir été élu, n’a jamais manqué de souligner que la réduction des déficits publics devait être accompagnée de mesures en faveur de la croissance. Au grand dam de l’opposition et même d’une partie de ses soutiens dans la société civile, il a commencé par augmenter les dépenses : retraites, recrutement d’enseignants, de policiers et de magistrats, hausse de l’allocation de rentrée scolaire, augmentation (symbolique) du SMIC, emplois d’avenir et contrats de générations. Dans un deuxième temps, il est entré de plain-pied dans les décisions dites sérieuses en promettant d’abord une réduction de 10 milliards de la dépense publique et une hausse des impôts ou taxes en 2013, puis en adoptant une partie du rapport Gallois, qui diminue encore la dépense.
Qu’ils aient été improvisés ou qu’ils correspondent à un dessein intelligent et longuement élaboré, ses plans ont soulevé des critiques, en France et en Allemagne. En revanche, ils ont été approuvés par les États-Unis, qui continuent à penser, en dépit de leur propre dette, qui est colossale, qu’on ne peut pas diminuer la dépense publique sans apporter de forts stimulants à la croissance. Barack Obama a augmenté en quatre ans de près de 50 % la dette américaine, qui dépasse maintenant les 15 000 milliards de dollars et représente plus de 100 % du produit intérieur brut (PIB). En même temps, aux moins deux économistes de renom, Joseph Stiglitz et Paul Krugman, tous deux prix Nobel, ont affirmé que l’austérité conduisait la France dans le mur. Ils ne semblent pas avoir tort, dès lors que l’économie américaine crée des emplois et croît, en moyenne, d’un peu plus de 2 %, mais au prix d’une dette inchangée.
Il faut regarder la vérité sans se voiler la face : le plan de redressement des comptes grecs a échoué. Il devrait coûter quelque 130 milliards d’euros à l’Union européenne et cependant il s’est traduit par une récession de -2% en 2009, -4,5 % en 2010 et -7 % en 2011. En Italie, la récession est de -0,2 % au troisième trimestre 2012, elle est de -0,3 % pendant la même période en Espagne, qui prévoit une récession comprise entre -0,5 % (chiffre du gouvernement) en 2013 et -1, 4 % (chiffre de la Commission européenne). Conclusion : d’après ces exemples, la réduction de la dépense publique ne diminue ni les déficits ni la dette.
François Hollande aurait été vengé par ce retournement des événements si, entretemps, il ne s’était engagé vigoureusement dans une politique de réduction du déficit beaucoup plus ferme que ses « cadeaux » de début de mandat ne le laissaient prévoir. Les atténuations qu’il a apportées à la réforme des retraites adoptée par le précédent gouvernement ont été notamment un mauvais signal envoyé à nos partenaires européens. Car il ne fait pas de doute qu’une dérive française ou son incapacité à tenir l’objectif de 3 % de déficit public en 2013 aurait un effet désastreux. C’est d’ailleurs ce que Jean-Marc Ayrault est allé expliquer jeudi dernier aux dirigeants allemands, qui doutent de notre volonté d’assainir nos comptes. Lors de sa conférence de presse de mardi dernier, le chef de l’État a tenté de donner une cohérence à toutes les mesures qu’il a prises depuis le début de son mandat et a promis que ses dispositions antichômage, comme les emplois jeunes et les contrats de générations, finiraient par produire leurs effets. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que coexistent dans le système qu’il a mis en place des mesures d’austérité susceptibles de réduire les déficits et des mesures qui favorisent l’emploi, un peu comme si, à défaut d’une croissance qui créerait des postes de travail, il tentait de créer des jobs qui déclencheraient un peu de croissance.
Compte tenu des résultats de la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), qui ne sont guère brillants, le plan socio-économique du président de la République apparaît comme le moins dangereux. Les syndicats européens ont manifesté dans toute l’Union mercredi dernier pour exiger une autre politique économique. Ils sont objectivement soutenus par les piètres effets des plans d’austérité ou de rigueur mis en œuvre dans les pays de l’UE les plus endettés. Bref, on a fort bien diagnostiqué la maladie, elle est mortelle. On cherche un bon médicament.
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