PARMI les questions graves qui agitent aujourd’hui notre société, celle de la fin de vie nous préoccupe tous.
Pharmaciens d’officine, nous nous trouvons confrontés épisodiquement à certaines situations difficiles et qui ne nous laissent guère dans l’indifférence. Aussi, certaines interrogations se posent-elles de manière récurrente : notre société se donne-t-elle tous les moyens pour mettre en place les services chargés d’accompagner au mieux les personnes en fin de vie à domicile ? Une culture des soins palliatifs est-elle suffisamment diffusée dans notre société ?
Cette question de la fin de vie demande évidemment un véritable débat public. Animée par le Comité consultatif national d’éthique, une « conférence citoyenne » est programmée prochainement, à la suite de laquelle un avis sera donné. Puis le gouvernement présentera un projet de loi. Or, à la différence de ce que nous avons connu lors des États généraux de la bioéthique, cette conférence n’est composée que d’une vingtaine de personnes « représentatives de la société » désignées grâce aux services d’un institut de sondage. Comme si quelques personnes pouvaient à elles seules représenter la diversité des opinions ! À noter que les personnes se réuniront à huis clos pour ne pas être soumises à la pression médiatique… Méthode inquiétante !
Cette absence de dialogue ouvert risque aussi d’être imposée après l’acceptation d’une loi autorisant le principe d’une sédation terminale. Une protocolisation pure et simple pourrait être adoptée face à toute situation de fin de vie. Démarche bien proche de ce que connaissent les services administratifs, où un référent se contente de cocher des cases. On est bien loin de ce qu’a tenté de promouvoir la loi Leonetti : une démarche éthique, collégiale et responsable par une réelle attention à l’autre et une décision prise en toute collégialité, où la mise en commun des points de vue donne priorité à la singularité et au vécu de chaque personne.
L’intention éthique entend répondre à la question « comment agir au mieux ? » dans un état d’esprit de sollicitude pour autrui. Ici, pas de décision prise par avance, puisque chacune d’elle s’établit grâce au dialogue avec d’autres. Pour reprendre la définition donnée par Paul Ricœur, la visée éthique est « la visée de la vie bonne avec et pour les autres, dans des institutions justes ».
En restreignant à la fois des espaces publics qui favorisent de réels échanges entre toutes les parties et d’autres qui permettent une expression de la collégialité pour des situations particulières, le débat se trouve de fait confisqué. Prétendre traiter de questions éthiques sans faire jouer la réflexion éthique et sans lui offrir un cadre adéquat risque d’être une duperie. De telles stratégies risquent de décourager davantage de nombreuses prises de responsabilité et s’opposent délibérément à toute posture d’« in-quiétude » éthique. Quant aux espoirs d’une plus grande diffusion d’une culture des soins palliatifs et d’un engagement de notre société pour une amélioration notoire de ces soins, ceux-ci risquent d’être prochainement déçus.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion