Ce « point vidéo » avait ouvert fin avril dans les locaux de l’ancienne pharmacie du village, fermée depuis 2015 (voir « le Quotidien » des 24 et 27 avril et 15 mai 2017). Il délivrait dans un premier temps des prescriptions et des OTC, vendus après un « conseil vidéo » permettant au client de dialoguer avec une employée de Doc Morris, depuis son siège hollandais de Heerlen. Moins de deux jours après l’ouverture, les autorités sanitaires avaient fait supprimer les ventes de prescriptions, après que des agents du ministère régional de la Santé aient relevé sur place le caractère illégal d’une telle distribution sous cette forme. Le « point vidéo » avait par contre continué à proposer des OTC à une clientèle toutefois très clairsemée.
Le syndicat régional des pharmaciens avait alors saisi la justice, arguant que Doc Morris exploitait, à Hüffenhardt, une pharmacie sans autorisation, et se livrait en outre à une concurrence déloyale, en gérant un tel établissement sans avoir pour autant à en assurer les contraintes, par exemple en matière de gardes ou de stock. Doc Morris, au contraire, affirmait que son « point vidéo » n’était pas une pharmacie, mais un « terminal de distribution pour ventes par correspondance ». Le tribunal d’arrondissement de Mosbach, qui a jugé l’affaire, a rejeté cette argumentation car, selon lui, s’il existe un contact direct, même par vidéo, on ne peut plus parler de vente par correspondance. Il a donc ordonné la fermeture de la structure, sous peine d’une forte amende. Le tribunal de Karlsruhe, l’échelon juridique supérieur, doit encore confirmer ce jugement, ce qui constitue normalement une simple formalité.
Toutefois, Doc Morris multipliant depuis des années les appels dans toutes les affaires où il est condamné, il est plus que vraisemblable que ses avocats porteront dès que possible ce jugement devant une instance supérieure. En attendant, les pharmaciens peuvent respirer : comme l’avaient expliqué les dirigeants de leur syndicat national, si la justice autorisait un tel « point vidéo », Doc Morris pourrait en installer partout dans le pays, aussi facilement que s’il s’agissait d’un distributeur de boissons ou de billets de banque. Ce scénario catastrophe est donc écarté, au moins pour le moment, ce qui ne signifie pas, loin de là, que le « péril Doc Morris » s’estompe.
Doc Morris omniprésent
En effet, les derniers chiffres sur son activité montrent non seulement que ses ventes d’OTC continuent de progresser, mais aussi et surtout qu’il prend pied dans le domaine des prescriptions, un secteur où il a piétiné durant des années en raison de l’interdiction, levée en octobre dernier suite à un arrêt européen, de proposer des remises sur ces médicaments. Ses ventes de prescription ont ainsi progressé de 6 % au premier trimestre 2017, par rapport à la même période de l’année précédente, montrant l’impact réel que peuvent avoir les remises sur cette activité, qui reste toutefois faible en valeur absolue comparée aux ventes d’OTC réalisée par l’opérateur hollandais.
En outre, Doc Morris vient d’annoncer qu’il s’implante dans le milieu très fermé des centres de gestion agréés pour pharmacies, lesquels sont chargés de gérer l’ensemble des échanges financiers entre les caisses et les officines et, plus globalement, la comptabilité de ces dernières. Le fait que Doc Morris crée à son tour un tel centre illustre bien la volonté du groupe de poursuivre son implantation dans tous les rouages de la pharmacie allemande.
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