POUR L’HEURE, le groupe spécialisé dans la vente de médicaments par correspondance prépare une campagne de séduction coup-de-poing. Première étape : familiariser les Italiens avec le système DocMorris. Les Néerlandais proposent d’abord aux usagers une gamme de produits ciblés. Puis, ils fournissent des dossiers médicaux sous forme de fichier électronique que le client peut consulter dans sa pharmacie, sous couvert de la loi sur la liberté individuelle et du traitement des données qui prévoit le consentement de l’utilisateur. Le client peut insérer dans ce dossier ses propres données médicales et les traitements prescrits par son médecin de famille. Il peut aussi transférer son dossier sur le réseau et demander à son médecin d’y transcrire ses observations. En parallèle, Doc Morris explique la politique appliquée par l’entreprise, à savoir une gamme de prix imbattables, selon le groupe en tout cas, et un vaste assortiment de produits afin d’élargir son réseau clientèle.
Au terme de la phase de lancement, ou plutôt de préparation du terrain, DocMorris envisage d’ouvrir de nouvelles officines un peu partout en Italie. Une opération qui pourrait néanmoins s’avérer difficile car ouvrir une pharmacie de l’autre coté des Alpes n’est pas une mince affaire. Il faut soit remporter un concours, soit épouser un(e) pharmacien(ne) titulaire d’une officine. Mais le groupe étudie une solution alternative qui lui permettrait de planter ses meubles dans les pharmacies communales disséminées aux quatre coins de la péninsule.
Le rôle de Celesio.
L’adoption, en 1991, d’un décret-loi, a rendu possible deux formes de gestion pour les pharmacies communales. D’une part, la création d’une société municipale chargée de gérer les officines. Et, d’autre part, le montage d’un consortium entre une commune et une société à capital mixte, partagé entre la mairie et les pharmaciens employés dans l’officine. Ce dispositif a permis l’arrivée dans le capital des pharmacies communales de véritables colosses, comme la multinationale allemande « Gehe » qui a obtenu la gestion de plusieurs officines situées dans le centre de la péninsule pendant 99 ans.
En vertu de ce décret-loi, la holding italienne Admenta S.p.A, contrôlé par la firme allemande Celesio AG, leader européen de la distribution pharmaceutique, détient une part majoritaire dans les sept sociétés transalpines qui gèrent 162 pharmacies communales implantées dans 19 communes au total. Or Celesio détient également 90 % des parts de Doc Morris. Du coup, un tour de passe-passe permettant à DocMorris de s’installer dans les pharmacies communales est a priori faisable.
Mais la messe n’est pas dite. Après avoir emménagé à Milan, DocMorris a immédiatement fait disparaître l’enseigne lumineuse avec l’inscription « pharmacie communale ». Sous le dôme, la municipalité n’a rien dit. « La mairie de Milan a conservé ses parts dans le capital social des trois pharmacies milanaises occupées par DocMorris. Notre présence témoigne donc de notre engagement », déclare Fabio Minoli, qui représente l’administration communale au sein du conseil d’administration de l’AFM, la société qui gère les officines municipales milanaises. Pour Fabio Minoli, en fait, la disparition de l’enseigne n’est qu’une simple question de détails.
À Bologne, Parme et Rome, le son de cloche est nettement différent. Les mairies affirment haut et fort que les officines municipales font partie du patrimoine historique des villes italiennes. Un patrimoine qui doit être sauvegardé même s’il s’agit seulement d’un problème d’enseigne lumineuse, déclare pour sa part Francesco Schito, président de Assofarm, la fédération des entreprises et des services socio-pharmaceutiques. La fédération des pharmaciens Federfarma s’interroge quant à elle. « Il faut savoir si le contrat signé entre la municipalité milanaise et Admenta lui permet, dans la pratique, de disposer des pharmacies communales selon son bon vouloir », déclare Annarosa Racca, présidente de l’association.
Pour éviter les problèmes, Admenta pourrait copier le modèle adopté en Allemagne et se lancer dans la franchise. Mais ce n’est là qu’une hypothèse.
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