C’est l’ancien Premier ministre qui, jusqu’à présent, a exposé le plan de gouvernance le plus élaboré des trois candidats. Il veut supprimer l’ISF et les 35 heures, recourir plus souvent au référendum, idées qui ont été reprises avec des nuances par MM. Sarkozy et Juppé. M. Filllon se distingue d’eux dans la mesure où il ne craint pas de dire dès aujourd’hui ce qu’il fera s’il est élu président en 2017, alors que ses rivaux jugent, non sans raison, qu’il est trop tôt pour commencer une campagne présidentielle. Le comportement des ténors de la droite nous renseigne en tout cas sur la réalité politique d’aujourd’hui. La perte de crédibilité subie par François Hollande a pratiquement zappé son quinquennat. Le pire, peut-être, c’est que l’opinion n’attend plus rien du gouvernement actuel, se désintéresse même des annonces officielles, ne croit pas le projet de budget pour 2015 et n’a même plus la force de s’indigner du nouveau pari que M. Hollande vient de prendre avec un entêtement presque maladif en annonçant (avec « réalisme ») une croissance de 1 % en 2015. Tout se passe comme si les gens voyaient le changement comme seul espoir, soit en attendant dans l’ennui la fin du mandat de M. Hollande, soit en l’obtenant par des élections législatives anticipées.
Il y a donc un regain d’intérêt pour la droite, mais il est atténué par le nombre des candidatures, par la tension qui ne manquera pas de croître au sein de l’UMP à mesure que le débat deviendra plus nerveux et moins policé, et par la crainte que, dans un contexte politique pollué par les affaires, les trois hommes finissent pas s’en dire de vertes et de pas mûres. Certains commentateurs estiment que M. Sarkozy a raté sa rentrée, que loin d’emballer la totalité de la droite, il a revitalisé ses concurrents, que l’affaire Bygmalion risque d’annihiler ses espoirs et ses ambitions, que les sénateurs, en élisant Gérard Larcher à la présidence du Sénat, ont choisi un filloniste pour mieux désavouer l’ex-président. Mais ce diable d’homme a plus d’un tour dans son sac et il a le temps de rebondir plusieurs fois. Le problème n’est pas là. Il est dans un rythme politique qui devient insoutenable. Le passage du septennat au quinquennat a accéléré la succession des événements et des rendez-vous électoraux et, du coup, 2017 semble être à portée de la main, ce qui va très vite obliger les ténors de l’UMP et du centre à présenter des programmes complets, précis et minutieux.
Réformer sans révolution.
Pourquoi ? Parce que l’opinion attend une alternative. Dès lors qu’elle est convaincue que la gouvernance socialiste ne marche pas, elle veut savoir par quel plan elle sera remplacée. Il ne suffit pas de lui dire qu’on va supprimer les 35 heures ou l’ISF, il faut qu’on lui explique par quels errements M. Hollande est passé et comment les corriger pour redresser la barre. La diminution de la dépense publique, la baisse des impôts, la réindustrialisation, la recherche et l’innovation ne sont que des mots auxquels il faut donner un contenu. Non seulement la droite est tenue de fournir des détails mais elle doit expliquer aussi comment les réformes sont réalisables sans provoquer une révolution. Un exemple : on met au passif d’Alain Juppé la période où il fut le Premier ministre de Chirac. Peu de temps après les élections qui portèrent Jacques Chirac à la présidence en 1995, M. Juppé présenta au Parlement un plan d’économies qui lui valut une standing ovation des députés. Une grève générale s’ensuivit qui contraignit le gouvernement à renoncer à ses réformes. Dix-neuf ans se sont écoulés, mais celui qui avait raison, c’était Juppé, pas le peuple qui s’est dressé contre lui. Et nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui si le plan Juppé avait été appliqué. La vraie question est la suivante : la France est-elle mûre pour une vaste et salutaire réforme ?
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