POUR Philippe Liebermann, vice président de la Fédération et chargé des affaires européennes auprès de celle-ci, l’Europe doit être vue comme un « enrichissement », mais dans le respect de la diversité. L’Europe de la santé se construit par des mesures concrètes, comme la possibilité de se faire soigner dans un autre pays que le sien, ou le renforcement de la lutte contre la contrefaçon. Mais elle « unit » aussi tous les pays européens dans leur volonté de réformer leurs systèmes de santé, tant économiquement que structurellement : aujourd’hui, poursuivait M. Liebermann, il n’est pas possible de dissocier les grandes réformes, y compris la loi HPST, de leur cadre européen… lequel encourage aussi les évolutions des pratiques dans chaque pays, à l’image de l’article 38 de la réforme française. Yves Bur, député du Bas-Rhin et spécialiste des questions de protection sociale à l’Assemblée Nationale, a précisé en outre que « ce n’est pas l’Europe qui met en danger notre santé, mais bien la démographie médicale, le conservatisme général et surtout l’incapacité de financer le système ».
La pharmacie structure le lien social.
L’Europe n’en reste pas moins trop mal connue, et par ailleurs ambiguë, admet Catherine Trautmann, députée européenne et présidente du groupe socialiste du Parlement européen, en regrettant qu’elle ait trop souvent tendance « à ne se construire que par les marchés et l’économie ». Toutefois, rappelle-t-elle, le Parlement européen a su infléchir cette conception, souvent défendue par la Commission, en montrant notamment que les soins ne sont pas un « marché » et que le médicament n’est pas un produit comme un autre. Elle appelle les pharmaciens à se souvenir que, si la France considère son système de santé comme étant « le meilleur du monde », ce point de vue n’est pas forcément partagé par les autres pays : aux professionnels français, donc, de faire la preuve de leurs atouts au niveau européen, en participant notamment à l’élaboration des règles et des codes dans ce domaine. De plus, a-t-elle rappelé, la pharmacie « structure le lien social » et doit être perçue comme telle. Pour Yves Trouillet, président de l’APR, certaines politiques européennes risquent toutefois de remettre en cause cette situation, et il a estimé fermement que « l’Europe n’a pas à décider pour nous ».
Plus spécifiquement consacrée à la loi HPST, la seconde partie du débat a montré, elle aussi, le contexte européen de cette dernière, notamment en matière de régionalisation de la santé. Philippe Liebermann a souligné la forte tradition de régionalisation sanitaire qui existe dans de nombreux pays, où le pouvoir central n’a qu’une faible influence, y compris financièrement. Mais attention, a-t-il précisé, les patients de ces pays sont soignés et pris en charge différemment selon la région dans laquelle ils vivent, une situation qui ne doit surtout pas être retranscrite en France. Pour Jean-Marc Aubert, directeur délégué à la gestion et l’organisation des soins à la CNAMTS, la loi HPST maintient cet équilibre entre le niveau national et la région, mais permettra avant tout de déconcentrer les décisions, « car on ne peut pas définir la santé d’un territoire depuis Paris ».
Enfin, à l’issue de cette table ronde, Philippe Gaertner a rappelé qu’au niveau européen comme ailleurs, « le temps des idées est terminé et celui de la réalisation commence » : il appelle les pharmaciens à « amener leurs projets à l’Europe », y compris dans des domaines nouveaux, comme celui du rôle des pharmaciens dans l’observance. « Il faut proposer des actions concrètes, qui marquent le territoire des pharmaciens et leur implication pour l’intérêt des patients », a-t-il conclu.
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