Comme aucune statistique n'avait été établie auparavant, personne ne peut dire si le phénomène est « normal », ou s'il correspond à une extension de la rebellion contre les règles appliquées dans l'enseignement. Jean-Pierre Obin, inspecteur général honoraire, qui avait rédigé un rapport en 2004 sur la question, estime ques les chiffres qu'il avait établis à l'époque étaient comparables. Mais, ajoute-t-il, ce n'est pas parce que le nombre de cas n'est pas élevé qu'il ne faut pas combattre le phénomène.
Les atteintes à la laïcité prennent des formes diverses. Il peut s'agir des tenues vestimentaires, de certificats médicaux de complaisance obtenus pour éviter la participation de l'élève à certains cours, du refus de certaines jeunes filles d'aller à la piscine, du refus d'un garçon de serrer la main d'une femme, de la contestation de faits scientifiques ou historiques au nom de la foi de l'élève. Les faits se produisent en général autour des grandes métropoles et surtout à l'école primaire. Comme le souligne M. Blanquer, les enfants ne font que reprendre à leur compte les mots d'ordre de leurs parents. Ainsi, un père tchétchène ne voulait pas que sa fille fût assise à côté d'un garçon. Un autre père voulait empêcher son fils d'écouter de la musique, ce qui n'est pas dans la religion musulmane mais relève des diktats de Daech.
Si le ministre refuse de dramatiser, il admet que les enseignants évitent autant qu'ils le peuvent de signaler les atteintes à la laïcité. M. Blanquer a en effet mis en place diverses mesures susceptibles de confiner le problème au périmètre de la classe. Les maîtres disposent d'un vademecum qui peut leur apporter une réponse immédiate à un problème imprévu. Mais ils peuvent aussi saisir, grâce à une adresse permanente, les conseillers des rectorats affectés au respect de la laïcité et qui doivent réagir dans les vingt-quatre heures. Sur les 400 cas traités par les spécialistes, une soixantaine ont nécessité une intervention des équipes spécialisées dans la laïcité.
L'hypothèse de la provocation
M. Blanquer affirme que « le phénomène existe bel et bien », mais, ajoute-t-il, nous « sommes en train » d'en réduire la dimension. On est disposé à le croire sur parole, mais on ne soulignera jamais assez combien il est important que les élèves musulmans comprennent que l'égalité de traitement implique qu'ils se soumettent à des règles de l'Education nationale s'appliquant à tous. Bien entendu, l'effort doit être fourni d'abord en direction des parents qui veulent affirmer à tout prix leur différence, sans se soucier de créer un vif malaise chez leur enfant, sans savoir que laïcité signifie égalité et sans comprendre qu'ils freinent l'éducation de l'élève en l'enfermant dans un ghetto moral. La résolution du problème passe nécessairement par le dialogue : il faut expliquer aux parents qu'ils doivent s'adapter à l'éducation laïque, et non l'inverse, sans quoi leurs enfants devraient aller dans une école religieuse, ce qui n'est pas toujours possible, à cause du nombre d'enfants musulmans en France et à cause du prix probable que leurs parents paieraient si tous choisissaient l'enseignement islamique. Sans compter que le poids de la religion risque de leur fermer l'accès à une société multi-confessionnelle.
On ne peut pas non plus exclure que les désidérata ainsi exprimés par les parents soient dictés par la provocation et cachent un mécontentement social ou politique à l'égard de l'autorité nationale. L'approche de M. Blanquer s'appuie sur le dialogue et la patience, ce qui veut dire que les conseillers des rectorats doivent ignorer l'aspect purement politique de l'attitude des parents. En d'autres termes, ils s'efforcent de souligner que les exigences des parents sont impossibles à mettre en pratique. Et qu'ils doivent faire un minimum de concessions s'ils souhaitent que leurs enfants bénéficient de l'égalité des chances. Certes, si leur comportement cache des arrière-pensées, ils seront peu disposés à céder à l'effort de persuasion engagé par le gouvernement. Mais ils s'apercevront assez vite que leur résistance ne conduirait qu'à l'incompatibilité entre un système laïc et ce qu'ils en espèrent.
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