ÉLISABETH Sauner-Schuller a attrapé le virus de l’humanitaire pendant ses études. « En 1997, j’ai fait une partie de mon stage hospitalier au Zaïre, qui s’appelle maintenant République démocratique du Congo, raconte-t-elle. J’ai pu découvrir ce qu’était vraiment l’exercice de la médecin en situation dégradée. » Pendant ce stage, elle travaille dans une base médicale de fortune, avec du matériel basique. « Je m’occupais de la gestion des stocks de médicaments, de l’approvisionnement, mais aussi du laboratoire d’analyses médicales. Il n’y avait pas d’électricité. Pendant la journée, nous réalisions les analyses à la lumière du jour, et le soir il fallait continuer à la lampe torche. » Les techniques d’analyses sont également rudimentaires. « Pour la lèpre et la tuberculose, nous utilisions des colorations de base. Pour l’hémoglobine, nous réalisions une estimation en fonction de l’intensité de la coloration. Nous nous servions de centrifugeuses manuelles qu’il fallait faire tourner à la force du poignet. » Cette première expérience est riche d’enseignement pour la jeune pharmacienne. « J’ai appris l’importance de la stérilisation de l’eau. L’eau du toit était plus propre que celle du puits ! J’ai aussi compris l’importance des flux logistiques et de l’organisation. Quand on a le médicament, on a le pouvoir. Tant que le pharmacien n’a pas ouvert ses malles, et même après, personne ne peut rien faire. »
Missions en Afrique.
Élisabeth obtient son diplôme de la faculté de pharmacie de Strasbourg en 1998. En 2000, elle part au Bénin, pour travailler dans un laboratoire qui produit des formes sèches de génériques. L’expérience n’est pas concluante et elle rentre rapidement en France, où elle devient pharmacien responsable chez le grossiste-répartiteur Ouest-répartition pharmaceutique (ORP), à Rupt-sur-Moselle (Vosges) (repris par Alliance Healthcare en 2011). Après le départ du pharmacien directeur du site, elle se retrouve propulsée à ce poste, à tout juste 25 ans. « J’ai occupé cette fonction jusqu’à la naissance de ma fille, en 2002. Ensuite, c’était trop de travail, de stress et de déplacements », explique-t-elle. Elle part alors travailler dans la parapharmacie d’une grande surface. « J’entends souvent des commentaires négatifs sur la grande distribution, mais pour moi c’était une bonne expérience, se souvient-elle. J’y suis restée 18 mois et j’ai rencontré beaucoup de gens. Humainement, c’était très enrichissant. J’ai découvert la saisonnalité qui existe dans ce secteur, mais aussi les dessous des cartes. »
En parallèle, Élisabeth s’engage auprès de Pharmaciens sans frontières (PSF). Elle part pour des missions de courte durée, sur ses périodes de congés. « J’ai effectué plusieurs missions d’expertise logistiques pour Pharmaciens sans frontières, en République démocratique du Congo (RDC), au Kenya et au Rwanda », détaille-t-elle. L’objectif de PSF est de vérifier le bon usage des subventions accordées par les bailleurs de fonds. « On s’assure que tout est bien respecté : la chaîne du froid, les dates de péremption, etc. Selon les missions, on a vu de tout. Nous avons, par exemple, fait un rapport catastrophique sur l’un des dépôts, où la chaîne du froid n’était absolument pas respectée. Les stocks de médicaments n’étaient pas rangés, ils étaient abandonnés en plein soleil… Mais, d’un autre côté, nous avons aussi vu au Rwanda un établissement qui était très en avance, avec une traçabilité au numéro de lot. »
Réserviste à l’EPRUS.
En 2005, Élisabeth décide de s’installer à Mulhouse, avec une consœur pharmacienne. « J’ai maintenant trois enfants et elle en a deux. Nous travaillons en décalé, trente heures chacune, afin de garder une certaine qualité de vie. » Après son installation et la naissance de son troisième enfant, Élisabeth lève le pied sur les missions. Et puis, il y a deux ans et demi, elle entend parler de l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS). « Pharmaciens sans frontière avait été dissous entre-temps. Cela me manquait, j’avais envie de retrouver cette ambiance. L’EPRUS m’a semblé un bon compromis. On part dans un cadre gouvernemental, très sécurisé, et pour de courtes missions. » Elle n’a pas encore eu l’occasion de partir, mais elle se déclare très satisfaite des formations auxquelles elle a participé. « On rencontre beaucoup de gens d’horizons différents. Ce qui m’intéresse surtout, c’est le côté humain. Je ne souhaite évidemment pas qu’une catastrophe nécessite notre intervention, mais si c’est le cas, je serai contente d’y aller. En attendant, je suis déjà bien occupée avec mon officine et mes trois enfants ! »
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