FRUIT de la coopération entre l’Union fédérale des médecins conventionnées (KBV) et l’association fédérale des pharmaciens (ABDA), un projet de suivi pharmaceutique doit voir le jour en janvier prochain dans deux régions, la Saxe et la Thuringe. À moins qu’il ne soit repoussé à une date ultérieure… comme il l’a déjà été à plusieurs reprises ces dernières années. En théorie, le projet dit « Modèle ABDA-KBV » doit favoriser l’observance et réduire l’iatrogénie chez les patients chroniques prenant au moins cinq médicaments différents. Les médecins leur prescriront des principes actifs en indiquant uniquement la forme pharmaceutique, le dosage, la posologie et la durée du traitement. Toutefois, ces prescriptions ne pourront se faire que dans le cadre d’une liste de médicaments validée en commun par les médecins et les pharmaciens, en fonction de critères à la fois pharmaceutiques et économiques.
Outre la délivrance, les pharmaciens se chargeront de tout le suivi pharmaceutique du patient, en particulier la détection précoce des effets indésirables et l’amélioration de l’observance. Ils remettront chaque année au patient un véritable plan de traitement indiquant toutes les marches à suivre. Le système doit renforcer le rôle du pharmacien en tant que spécialiste du médicament, et décharger le médecin de toute tâche pharmaceutique en dehors de la prescription proprement dite.
Le médecin et le pharmacien toucheront un honoraire spécifique pour cette activité, qui s’ajoutera à leur rémunération habituelle, forfaitaire pour les pharmaciens et à l’honoraire pour les médecins. Ces sommes seront versées par les caisses de maladie, qui ont tout à gagner au système, susceptible d’améliorer le bon usage et de réduire les coûts inutiles. Néanmoins, les négociations traînent depuis des mois, au point que le modèle, déjà repoussé plusieurs fois, pourrait être ajourné encore une fois et ne débuter qu’au milieu de l’année 2014. En effet, les pharmaciens ne se satisfont pas des propositions financières des caisses, lesquelles jugent au contraire leurs prétentions exagérées.
Tri annuel de l’armoire à pharmacie.
Autre projet pilote en cours de développement, le système « Athina » doit permettre lui aussi de réduire les interactions et les erreurs. Il est fondé sur le modèle du « Brown bag » (le sac brun) existant déjà aux États-Unis et au Canada. Dans ces pays, les patients sont incités par les pharmaciens, une fois par an, à mettre tous leurs médicaments dans un sac en papier comme ceux qu’en distribuent les supérettes, et à tout amener en vrac à leur pharmacien. Le pharmacien vide le « sac brun » et trie les médicaments avec eux. Cela permet d’éliminer un certain nombre de produits et, surtout, de dépister des contre-indications et des effets croisés qui ne sont pas forcément vus lors des consultations chez les médecins, sans même parler des effets induits par les OTC non prescrits. Le projet Athina, qui n’a rien de grec mais qui est l’acronyme, en allemand, de « sécurité du médicament à la pharmacie » est déjà expérimenté en Rhénanie du Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d’Allemagne. Il réclame une formation spécifique des pharmaciens et peut prendre une heure par patient. Ce sont généralement les jeunes assistants qui font ce travail de tri, parfois très complexe, mais les pharmaciens souhaitent que sa généralisation s’accompagne d’une rémunération, d’autant plus justifiée qu’elle évite là aussi de nombreuses dépenses inutiles aux caisses. La région de Basse Saxe, dans le nord ouest du pays, s’apprête à son tour à l’expérimenter à compter du début de l’année.
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