« NOUS SOMMES devenus les distributeurs de billets de la petite délinquance ! », s’énerve Andrea Mandelli. Quelques jours après l’assassinat brutal d’une pharmacienne dans un village sicilien, le président de l’Ordre des pharmaciens tire la sonnette d’alarme. À Milan et dans toute la région milanaise, le taux de braquages a bondi en 2012 de 37 %. Toujours selon l’Ordre des pharmaciens, le Latium, la Lombardie et la Sicile font partie des zones les plus à risque.
Le scénario est toujours identique. Un ou deux bandits, le visage caché derrière un casque ou un foulard, et armés de seringues soi-disant infectées, de couteaux ou de pistolet, entrent dans l’officine et terrorisent le personnel et les clients. La scène se joue généralement en quelques minutes à peine. « Chaque année, mille braquages sont enregistrés. C’est de la folie ! Comment les pharmaciens peuvent-ils travailler dans un climat de danger perpétuel ? », s’interroge Paolo Pagano, titulaire d’une officine située derrière le Colisée, à Rome. Il a été attaqué à main armée il y a cinq ans. « Un type est rentré dans la pharmacie armé d’un couteau et m’a demandé de lui donner la caisse. Il avait pris une cliente en otage. Depuis, je vide ponctuellement la caisse, mais je laisse toujours 200 à 300 euros. Si les braqueurs ne trouvent rien, ils deviennent nerveux », confie-t-il. Depuis cet épisode, il a installé un système de surveillance relié vingt-quatre heures sur vingt-quatre au commissariat de quartier.
Le pharmacien le plus braqué.
À l’autre bout de Rome, derrière le Vatican, Vittorio Contarina a hérité de la pharmacie paternelle. « Je suis le pharmacien le plus braqué de tout Rome. J’ai subi 27 attaques à main armée en 36 mois, quatre en treize jours et deux en deux heures ! Il y a quatre ans, deux braqueurs ont joué à la roulette russe avec mon père », témoigne Vittorio Contarina. Cette année, la situation s’est calmée, constate ce pharmacien tout en ajoutant qu’il s’attend néanmoins à être attaqué d’un jour à l’autre. « Il y a trois semaines, mon frère qui a une officine dans le quartier, a été braqué. La situation est insoutenable pour les pharmaciens et certains jettent l’éponge. »
C’est le cas d’un confrère installé à une dizaine de minutes du centre-ville. Après une dizaine d’attaques à main armées, il a blindé son officine. Les clients n’ont plus accès aux locaux, protégés par des vitres blindées et des grillages. « Ce n’est pas très accueillant, mais je n’en peux plus. Toutes ces attaques m’ont usé. Le temps est venu de mettre la clef sous le paillasson », confie le titulaire.
Selon les données publiées par le ministère de l’Intérieur, les banques et les bijouteries sont les cibles préférées des braqueurs. Mais les officines font plus l’objet d’attaques particulièrement brutales. Alors que faire ? « Ne jamais essayer de jouer les héros. Si un braqueur demande la caisse, il faut la lui donner. De toutes les façons, nous sommes assurés », estime Paolo Pagano. « Passer des accords comme nous l’avons fait avec la police et installer des systèmes de surveillance vidéo dans toutes les officines », suggère Franco Caprino, président de Federfarma Lazio. Depuis deux ans, la fédération a établi des contacts étroits avec la préfecture de Rome. « Nous avons organisé des cours durant lesquels, des policiers nous apprennent des techniques de défense pour affronter les bandits et essayer de cerner leur profil psychologique. L’objectif est d’éviter les bains de sang inutiles », explique Franco Caprino. Soit. Mais selon plusieurs titulaires d’officine, ces mesures de sécurité n’ont eu aucun impact sur le taux de braquage qui n’a franchement pas diminué dans la capitale.
Bouleversée par l’affaire de la pharmacienne égorgée en Sicile jeudi dernier, la Fédération nationale des pharmaciens souhaite rencontrer le ministre de l’Intérieur. Objectif : sensibiliser le gouvernement sur la montée de la violence et renforcer les systèmes de protection dans les officines.
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