DES FRACTURES qui se creuseraient davantage entre les officines. Tel serait le premier impact de l’éventuelle ouverture du capital des officines. Les pharmacies bien gérées et bien placées auraient la faveur des repreneurs, tandis que les autres – plus petites, mal situées ou les officines de quartier – seraient sur le fil du rasoir.
Dans l’étude publiée en décembre dernier par Precepta (groupe Xerfi) sur la distribution pharmaceutique* (voir « le Quotidien » n° 2631), Emmanuel Sève, son auteur, s’interroge sur les conséquences potentielles d’une éventuelle libéralisation. Il effectue une première projection dans l’avenir : « La concurrence interne entre les pharmacies se durcirait, en fragilisant celles qui seraient confrontées aux pharmacies de chaînes. »
De plus, l’ouverture du capital bouleverserait les rapports de force entre l’industrie pharmaceutique et la distribution. En effet, si elle est vécue comme une menace par la majorité des officinaux, elle constituerait, à l’échelle de la profession, un levier pour que la distribution renforce son pouvoir de marché face aux industriels du médicament. En contrepartie, ces derniers devraient discipliner leurs politiques d’achat et de vente.
Troisième impact prévisible : la création de chaînes de pharmacie modifierait la donne sur le marché de l’emploi. Des opportunités de développement de carrière s’ouvriraient pour les jeunes pharmaciens, qui butent aujourd’hui sur les difficultés d’accès à la propriété d’une officine. En effet, les chaînes souhaiteraient recruter des managers dotés d’un solide sens de l’initiative et de la discipline. Mieux vaut aussi posséder une belle faculté d’adaptation pour travailler dans ce type de structures. Les adjoints d’officine et les jeunes diplômés auraient donc une belle carte à jouer. « En Norvège, l’apparition de chaînes en 2001 a donné un coup de fouet à l’accès aux responsabilités des femmes », précise l’expert, qui relève un dernier impact sur la profession : l’érosion de la valeur du fonds pour les pharmacies les moins attractives. Les conséquences sur les transactions seraient liées aux transferts de parts de marché, et à l’explosion de la bulle spéculative créée par l’anticipation de l’ouverture du capital.
Si l’ensemble de ces retentissements sur les professionnels de santé ne sont, pour l’instant, que des hypothèses, la libéralisation paraît à terme, pour l’auteur du rapport, inéluctable. « Pour s’y préparer, il importe de renforcer les politiques de regroupement – et donc, paradoxalement, d’accepter une perte partielle d'indépendance – pour mutualiser les moyens et pouvoir résister dans un environnement plus difficile. Le mode de regroupement à choisir - type de groupement d'indépendants par exemple - dépend des caractéristiques de l’officine et du profil du pharmacien », conclut Emmanuel Sève.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion