À PARTIR de dimanche, plus question de prendre la route sans embarquer à bord de sa voiture un éthylotest. « Tout conducteur d’un véhicule terrestre à moteur, à l’exclusion d’un cyclomoteur, doit justifier de la possession d’un éthylotest, non usagé, disponible immédiatement », stipule ainsi un décret paru au « Journal officiel » début mars. L’échéance approchant, il faut s’attendre à une augmentation de la demande dans les officines, l’un des points de vente censé proposer ce type d’appareil. Le hic, pour les pharmaciens : la difficulté pour s’approvisionner. De nombreux confrères se plaignent d’avoir vu leurs commandes auprès des fabricants restées lettre morte jusqu’à présent. Et les commandes auprès des grossistes répartiteurs ont peu de chance d’aboutir, ceux-ci ayant eux-mêmes des soucis pour être livrés. « Ce n’est pas de notre fait, explique-t-on ainsi à l’OCP. Ces produits sont référencés chez nous, mais les fournisseurs ne nous livrent pas. » Ou alors au compte-gouttes, et les grossistes se retrouvent rapidement en rupture de stock.
Manque d’anticipation du réseau.
En fait, le problème vient de la norme NF requise pour ces éthylotests, explique en substance la Chambre de la répartition pharmaceutique (CSRP). En France, il n’existe pratiquement qu’un seul fournisseur de produits affichant cette norme, la société Contralco, qui commercialise plus de deux éthylotests sur trois. Or celui-ci est actuellement en rupture de stock. « Nous sommes désolés des difficultés rencontrées par les officinaux, déclare Guillaume Neau, Directeur commercial de Contralco. Les ruptures de stock constatées dans le réseau des pharmacies ont en fait une double origine », explique-t-il au « Quotidien » : d’une part, les répartiteurs ne lancent leurs commandes auprès du fournisseur que lorsqu’ils reçoivent eux-mêmes des demandes de leurs clients. D’autre part, le réseau officinal n’a pas anticipé la demande, contrairement aux autres réseaux concurrents qui ont commandé dès l’annonce du projet de texte par Nicolas Sarkozy, en décembre 2011. Les pharmaciens ont pratiquement attendu la parution du décret pour lancer les commandes. Résultat ? « Les capacités de production que nous leur avions allouées - soit de quoi produire 150 000 à 200 000 tests par mois - sont aujourd’hui largement insuffisantes par rapport aux besoins estimés à environ 700 000 dispositifs par mois dans ce réseau. »
De nouvelles chaînes de production.
Mais les choses devraient rapidement s’arranger, promet l’industriel. « Nous mettons actuellement en place de nouvelles chaînes de fabrication. Dès juillet prochain, ce surcroît de production sera largement dédié au réseau officinal. » Aujourd’hui, 28 % des tests vendus par Contralco le sont en pharmacie. À la fin de l’été, la part de marché du réseau des pharmacies devrait s’élever à 34 ou 35 %, prédit Guillaume Neau.
Quoi qu’il en soit, les automobilistes ont encore un peu de temps pour se mettre en accord avec la réglementation. Car si l’obligation de se munir d’éthylotests entre en vigueur le 1er juillet, les sanctions ne tomberont pas avant le 1er novembre (amende forfaitaire de 11 euros). D’ailleurs, « par expérience on sait que le pic des ventes d’éthylotest devrait avoir lieu environ trois semaines avant l’arrivée des sanctions, soit début octobre, indique Guillaume Neau. C’est en tout cas ainsi que les choses s’étaient passées lorsque les triangles et les gilets fluo avaient été imposés aux automobilistes ».
Toutefois, il y a fort à parier que les gendarmes des autoroutes n’attendront pas la Toussaint pour vérifier que les conducteurs possèdent bien un éthylotest dans leur boîte à gants. En effet, la période estivale leur offrira une belle occasion de sensibiliser aux risques de l’alcool au volant les millions de conducteurs qui s’élanceront sur les routes des vacances. Car c’est bien cela qui semble avoir motivé les pouvoirs publics à sortir ce décret d’application d’une loi remontant à 1970. « Cette mesure a pour vocation de développer une logique d’autocontrôle chez les conducteurs et de les inciter à vérifier leur alcoolémie au moment de prendre la route », explique ainsi la Sécurité routière. « Depuis 2006, l’alcool est la première cause infractionnelle de mortalité routière, souligne l’organisme. En 2010, il a été à l’origine de 31 % des accidents mortels. » Autrement dit, si le taux légal avait été respecté par tous, plus de 1 000 vies auraient pu être épargnées.
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