Ainsi que l’a souligné en introduction Alain Coulomb, Président de Coopération Santé, « c’est bien le mésusage des antibiotiques qui accélère le processus de résistance ; phénomène réversible quand un antibiotique n’est plus utilisé. Or, pour un nombre croissant d’infections, comme la pneumonie, la tuberculose, les septicémies, la gonorrhée et les infections d’origine alimentaire, le traitement devient plus difficile, voire parfois impossible, en raison de la perte d’efficacité des antibiotiques ».
5 500 décès en France (33 000 en Europe) seraient liés chaque année à une bactérie multirésistante. Or, la France demeure un pays où la consommation d’antibiotiques en ville (93 % des prescriptions) demeure élevée. Bien que la consommation de ces produits ait baissé de 12,6 % entre 2000 et 2017, une réaugmentation se dessine depuis 2010, qui préoccupe.
Rappelons néanmoins le lancement de plusieurs plans nationaux « Préserver les antibiotiques » (auxquels s’ajoutent un plan européen et un plan mondial piloté par l’OMS) et, en novembre 2016, d’une « feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l’antibiorésistance » (concept « One Health », une seule santé), qui comporte, notamment, une sensibilisation des publics et des professionnels, des actions de formation et d’incitation au bon usage (par exemple, le projet e-bug, www.e-bug.eu, ressource éducative destinée aux élèves des écoles, collèges et lycées ainsi qu’à leurs enseignants), un renforcement de la surveillance et un encouragement à la recherche et à l’innovation. Avec l’objectif de diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % en 2018 et de réduire les conséquences sanitaires et environnementales de l’antibiorésistance. Dans ce cadre, une nouvelle identité visuelle a été lancée en novembre 2018 : « Antibiotiques : ils sont précieux, utilisons-les mieux ».
Vers un rôle accru du pharmacien ?
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), l’officinal peut apporter sa pierre de plusieurs manières à la lutte contre l’antibiorésistance, notamment par une meilleure coordination avec les médecins.
Dans cet objectif, le syndicat, tout en s’opposant formellement à la délivrance à l’unité des antibiotiques - « une mauvaise réponse à une vraie difficulté » selon Gilles Bonnefond -, défend deux propositions, exploitant le potentiel des TROD (tests rapides d’orientation diagnostique), qu’il espère voir intégrer dans la Convention pharmaceutique. Soit le médecin, qui prescrit un antibiotique, n’a pas le temps de faire un test, confie au pharmacien le soin de le réaliser et de délivrer le produit seulement si le test est positif, soit le pharmacien, face à un doute dans le cadre d’une demande de conseil, adresse le patient au médecin en fonction du résultat du test.
Tout en appelant à la mise sur le marché de nouveaux conditionnements mieux adaptés, si nécessaire, et sans minimiser l’importance d’accorder et de renforcer les informations destinées au patient délivrées par le couple médecin-pharmacien.
* Coopération Santé (http://www.cooperation-sante.fr) est une association ayant pour objectif la promotion des coopérations entre les associations de malades, les professionnels de santé, les institutionnels, les industries de santé, les experts, l’assurance-maladie et les complémentaires santé pour « faire mieux avec les mêmes moyens ».
Pour en savoir plus : www.antibiotiques.gouv.fr
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