D’AUCUNS AFFIRMENT que, dans son indécision, Nicolas Sarkozy aurait proposé, en quelque sorte, à M. Fillon de faire campagne pour se succéder à lui-même. Alors que, dans le cadre de la Vè République, la nomination du chef du gouvernement est un droit presque divin du président, celui-ci met en compétition au moins deux personnalités, l’actuel Premier ministre et Jean-Louis Borloo, pressenti pour engager une politique dite sociale, c’est-à-dire plus proche des gens. M. Borloo n’a pas ménagé ses efforts, qui a communiqué énormément ces dernières semaines, pendant que d’autres premiers-ministrables, de François Baroin à Christine Lagarde se montraient infiniment plus réservés. M. Sarkozy a donc changé, parmi d’autres changements importants, la façon dont on devient Premier ministre : ce qui relevait de la seule volonté, parfois implacable, du président, se transforme en campagne électorale. À la fureur de M. Borloo dont le projet de dialogue social est en contradiction, sur le fond, avec le réformisme viscéral de M. Fillon.
Et voilà François Fillon qui « assume notre bilan avec fierté ». Pour lui, le dialogue social que M. Borloo veut réinventer, est nécessaire avant l’adoption de la réforme mais pas après. Il ne voit pas, en conséquence, pourquoi il devrait interrompre une action politique qu’il estime avoir conduite « avec courage ». Populaire, très utile pour les relations avec des élus qu’il sait fort bien amadouer quand la colère gronde dans le Landerneau de la majorité, spécialiste des dossiers « impossibles », François Fillon sait bien que, en dépit de relation dégradée avec le chef de l’État, il lui demeure utile. C’est l’homme qui désamorce les bombes à retardement au sein de la droite, qui reste imperturbable devant l’exaspération du peuple et, surtout, qui accomplit le travail exténuant qu’exige M. Sarkozy. Là aussi, le président, qui n’a pas voulu faire de son Premier ministre le « fusible » qu’il est censé être, qui a annoncé un remaniement quatre mois à l’avance, qui, sans la poigne de M. Fillon, risquait de faire du gouvernement actuel un « canard boîteux », n’a pas craint de laisser diverses personnalités montrer leur intérêt pour un poste qui n’est jamais qu’octroyé. Peut-être que cette méthode amuse le président, un brin sadique, qui fait courir à M. Borloo le risque du ridicule. En revanche la contre-offensive de M. Fillon est plus crédible. Froid, austère, plutôt discret, peu porté à la plaisanterie, le chef du gouvernement a compris que son supérieur n’a jamais peur de faire ce qui ne se fait pas, par exemple de procéder au remaniement d’un gouvernement dont le chef ne changerait pas, seulement les ministres. Non sans subtilité, il s’est glissé dans la psychologie de M. Sarkozy, qui est compliquée et se sert des ressorts de la personnalité du Premier ministre.
Il n’est pas impossible que M. Fillon échoue dans sa démarche, mais il est très peu probable qu’il en souffre pour la suite. Il aura quand même été un Premier ministre qui a subi toutes les avanies sans jamais perdre le contrôle de lui-même, a piloté le navire dans une tempête épouvantable, aura fait des réformes, quoi qu’en pensent les syndicats et l’opposition. Un homme assez âgé pour avoir de l’expérience, mais assez jeune encore pour briguer un jour une autre fonction. Bien entendu, maintenir cet homme à son poste, quelles que soient ses qualités, risque de provoquer des quolibets sur la réalité du « changement ».
Une forme de surprise.
Quant à M. Sarkozy, on s’émerveille de ses inépuisables ressources d’idées et d’actes non-conventionnels. On se demande même pourquoi, alors que sa popularité se situe au niveau des plus bas pourcentages, il s’ingénie à multiplier les complications. La vérité est que, au début de l’été, la presse (nous compris) lui a demandé avec insistance de procéder à un remaniement, principalement à cause de l’affaire Woerth-Bettencourt. Je le ferai dans quelques mois, a-t-il répondu en substance, mais sans avoir pris le temps de réfléchir. Il aurait pu ne rien dire, il aurait pu aussi exclure un remaniement. Après tout, rien ne peut l’y contraindre. Non, il a préféré différer ses options. Et il a réussi à créer un suspense rare sur une action qui risque de n’être qu’une forme de continuité : M. Fillon maintenu à Matignon, voilà qui serait une surprise. En tout cas, remaniement il y aura nécessairement, car le chef de l’État, dans le cadre de la préparation des élections de 2012, veut envoyer, par le biais des nominations, des messages apaisants aux électeurs. On agit toujours de la sorte en haut lieu. Toutefois, ce qui sauvera M. Sarkozy, ce n’est pas un Premier ministre social. C’est une diminution du chômage et une augmentation du pouvoir d’achat.
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