RIEN N’Y A FAIT. Ni l’accord lui-même qui, il est bon de le rappeler, préserve tous les emplois de Florange. Ni les assurances données par Mittal. Ni celles que Jean-Marc Ayrault a fournies lors de ses déclarations télévisées de mercredi dernier. Pourtant, on devrait admettre que le gouvernement a pris sa décision après avoir exercé sur Mittal la menace de nationalisation, qu’Arnaud Montebourg a joué le rôle du méchant avant que M. Ayrault ne lâche du lest, bref que l’affaire a été menée sous le contrôle des pouvoirs publics.
Ce n’est pas, malheureusement, ce que pensent les salariés de Florange, pour qui la préservation des emplois n’est que provisoire et disparaîtra quand les hauts-fourneaux seront définitivement arrêtés au printemps prochain. Ce n’est pas ce que semble croire le public. Et même M. Ayrault ne paraît pas vraiment convaincu par les arguments qu’il avance.
Pour commencer, une divergence profonde est apparue au sein du gouvernement. M. Montebourg ne brandissait pas une menace pour effrayer son interlocuteur, il était sérieux. Il voulait nationaliser l’ensemble des aciéries de Mittal. M. Ayrault l’a laissé faire sans avoir l’intention d’exécuter la menace. La confusion a été totale quand M. Montebourg, à l’Assemblée, s’est vanté d’avoir un repreneur sérieux capable d’investir 400 millions d’euros dans les installations de Florange. Il apparaissait, deux ou trois jours plus tard, que l’investisseur était moins soucieux de rentabiliser le site que de réaliser une bonne affaire en exploitant la transformation de l’acier au détriment des hauts-fourneaux, visiblement condamnés aux yeux tous ceux qui connaissent la sidérurgie. La méthode de M. Montebourg, enracinée dans son rêve d’une économie alternative, a été ridiculisée quand le Premier ministre a dit que la nationalisation aurait coûté un milliard d’euros et n’aurait pas sauvé les hauts-fourneaux et quand il a écarté d’une chiquenaude la viabilité du projet du repreneur.
Le retrait d’Ulcos.
Comble de l’absurde, l’encre de l’accord n’était pas encore sèche que Mittal retirait un projet de modernisation des hauts-fourneaux, qui avait été présenté à la Commision européenne. Très difiificile techniquement à mettre au point, il représentait le dernier espoir d’assurer la survie de la filière dite liquide.Il s’agissait d’un système de stockage du CO2. Le moment choisi pour annoncer le retrait du projet, du nom d’Ulcos, confirme aux yeux des syndicats, la trahison et la duplicité de Mittal, ou pis, la naïveté de nos dirigeants, qui, selon toute vraisemblance, ne s’attendaient pas à cette nouvelle embrouille de l’aciériste.
Le chef du gouvernement n’a pas été du tout gêné, en dépit de propos en contradiction formelle avec ceux du ministre du Redressement productif, de confirmer que celui-ci conservait ses fonctions. Le ministre, de son côté, ne tire nullement la leçon de son échec et n’entend pas sacrifier sa carrière à ses idées. Dans ces conditions, il est normal que les critiques fusent, notamment à droite, où l’on désigne le responsable de ce pandémonium, le président de la République.
On observe d’ailleurs que la politisation de cet exemple isolé, quoique éclatant, de désindustrialisation, en exacerbe l’importance. C’est bien sûr la faute d’un pouvoir dont les orientations, puis les décisions, sont incertaines et confuses ; c’est aussi celle des médias qui ont suivi le feuilleton mot après mot ; c’est celle de M. Montebourg qui donne trop de coups de menton et a cru voir dans cette crise une occasion de faire avancer son propre agenda politique ; c’est l’incapacité des deux chefs de l’exécutif à évaluer la quantité de pouvoir qu’ils souhaitent déléguer. Il demeure que le gouvernement a sauvé 628 emplois à Florange tandis que la France en a perdu 45 000 en octobre. Que, si chaque emploi perdu est un crève-cœur, la désindustrialisation n’est pas limitée à Florange ni même à la seule sidérurgie et qu’elle détruit rapidement une bonne partie du tissu social français. Que le pays ne peut pas se contenter de se battre dans la tranchée de Florange, mais doit le faire partout ailleurs, et que chaque problème social ne doit pas simplement tester les idées d’un Montebourg ou la détermination du gouvernement, mais exige une solution. Si c’est possible.
› RICHARD LISCIA
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion