LES FONCTIONNAIRES ne méritent ni louanges excessives ni excès d’indignité. Ils sont indispensables à la bonne marche de l’État : la France est un pays bien administré, bien qu’il n’échappe pas aux traquenards de la bureaucratie. Au nombre de plus de 5 millions dans l’ensemble des activités de la Fonction publique, leur poids dans les dépenses de l’État est disproportionné car, par effet de gravitation, il absorbe des capitaux qui seraient plus utiles dans le lancement de nouveaux projets. La majorité précédente a fait à peu près tout ce qui était en son pouvoir pour diminuer le budget de la Fonction publique, notamment en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite. En cinq ans, elle aurait supprimé 150 000 emplois, ce qui, rapporté au nombre total, ne représente pas grand-chose. En outre, personne ne peut dire avec certitude qu’il y a trop de fonctionnaires partout. Il n’y en a pas trop à l’hôpital, qui geint sous le manque de personnels. Il n’y a pas trop de policiers, de magistrats et d’enseignants. On trouvera un excédent de salariés dans les collectivités locales qui embauchent plus quand l’État débauche.
Il demeure que l’Allemagne, qui n’est pas moins bien administrée que la France, compte, proportionnellement, deux fois moins de fonctionnaires. Que la stagnation du pouvoir d’achat dans la Fonction publique ne se vérifie pas, puisque, sous l’effet des primes et de l’ancienneté (le gouvernement a supprimé la prime au mérite), les salaires ont augmenté entre 2007 et 2012, malgré le gel de l’indice. Que l’augmentation de 1 % des salaires coûterait 1,8 milliard d’euros, dont l’État n’a pas le premier centime. Que les fonctionnaires bénéficient tout de même de la sécurité de l’emploi et que, au moment où l’on annonçait la fermeture de Good Year et le licenciement de ses salariés, ils ont fait une grève pour qu’on augmente leurs salaires. Que si la solidarité nationale existe, le gel des revenus des fonctionnaires devrait être considéré comme la mesure la moins pénible après la baisse générale des revenus dans le privé et la mise au chômage de millions de Français. Bref, que les salariés de la Fonction publique n’ont pas bien compris ce que crise de l’endettement et austérité veulent dire.
On réinvente le dirigisme.
La Fonction publique représente à peu près 25 % de la main d’œuvre du pays. La tendance est forte, notamment dans les collectivités locales, à créer des emplois pour lutter contre le chômage. Le gouvernement lui-même, avec ses contrats-jeunes, sait très bien que la plupart des emplois créés dans ce cadre seront publics. Le désespoir qu’induit une crise sans précédent fait que même des élus de l’opposition sont favorables aux systèmes réinventés par le hollandisme pour réduire, fût-ce artificiellement, le taux de chômage. Mais si l’on se place dans la perspective d’une intervention permanente de l’État pour compenser les défaillances du secteur privé, on réinvente le dirigisme et, au-delà, l’économie planifiée chère à la défunte URSS. Que l’on sache, nous n’avons pas abandonné l’économie de marché. Social-démocrate, le président de la République a même fait du « blairisme » ou même du « schröderisme » en adoptant le pacte de compétitivité. La réduction de la masse salariale toujours croissante absorbée par la Fonction publique demeure un impératif (avec d’autres économies tout aussi douloureuses) du redressement de nos comptes.
François Hollande est en réalité confronté à un problème politique tout autant que financier. Les fonctionnaires font partie de son électorat naturel. Ils veulent obtenir du pouvoir socialiste des compensations au traitement défavorable que leur infligeait naguère Nicolas Sarkozy. Mais, même si l’ancien président n’avait pas la manière, il avait mis le doigt sur l’un des abcès les plus inquiétants de notre système. Comme pour beaucoup d’autres promesses de la campagne électorale, M. Hollande est enfermé dans un dilemme qu’il a créé de toutes pièces. Sans ces promesses, il n’aurait sans doute pas gagné les élections. Malheureusement, une politique diamétralement opposée à celle de M. Sarkozy ne ferait qu’aggraver la crise financière.
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