Mais comment faisaient les propriétaires d’animaux de compagnie avant ? Des antiparasitaires leur étaient proposés, sous forme de spray, de poudre, de collier ou de shampooing, principalement contenant des molécules appartenant aux groupes des organophosphorés, des carbamates et des pyréthrinoïdes (mortels pour le chat), mais leur efficacité et la sûreté de leur emploi restaient mitigées. En 1994, le lancement du spray Frontline est un premier pas vers une évolution radicale, grâce à son composant, le fipronil, qui fait preuve d’une efficacité redoutable contre les puces et les tiques chez les chiens et les chats. Deux ans plus tard, la marque connaît un essor sans précédent grâce à l’arrivée sur le marché de la version spot-on (ou pipette) Frontline. Pour la première fois, un produit efficace, pratique et sûr est mis à disposition des propriétaires d’animaux de compagnie. Il suffit dès lors de déposer le contenu de la pipette entre les omoplates des carnivores domestiques pour les protéger pendant un mois, là où les antiparasitaires de l'époque sont efficaces environ une semaine. Un succès directement issu de la recherche française et qui s’exporte sans difficulté.
Tout commence en 1987 lorsque Rhône-Poulenc met au point le fipronil, « issu à l’origine de recherches d’antiparasitaires pour la production de cultures et de semences », explique Jean-Luc Michel, directeur mondial de l’activité stratégique Animaux de compagnie et membre du Comité exécutif de Boehringer-Ingelheim Santé Animale. Sa première commercialisation date de 1993, le fipronil est alors utilisé dans le traitement des semences. Jusqu’en 2004, où la France impose des restrictions drastiques sur son usage phytosanitaire, mais les formulations spécifiques pour son usage vétérinaire ne sont pas remises en cause.
La révolution de la pipette
« Lorsque Rhône-Poulenc absorbe Pasteur-Mérieux, en 1993, un projet naît en santé animale : le fipronil peut être d’une grande utilité dans la protection des chiens et des chats contre les parasites externes. Tout un plan de développement a été mis en place et a suivi les étapes classiques d’un produit au statut de médicament, avec une autorisation de mise sur le marché », relate Jean-Luc Michel. En 1994, le spray Frontline fait donc son apparition en France, suivi en 1996 par le spot-on. Le succès est immédiat. « L’application de la pipette sur le dos de l’animal, avec stockage du fipronil dans les glandes sébacées, est la vraie révolution », indique Jean-Luc Michel. Sans surprise, cette petite révolution a gagné les pays du monde entier, ou presque. « Grâce aussi à l’appui des vétérinaires », ajoute le directeur mondial de l’activité Animaux de compagnie de Boehringer Ingelheim. Car au milieu des années 1990, le marché des antiparasitaires est très peu développé dans les cliniques vétérinaires, les propriétaires se fournissaient alors dans les animaleries et quelques pharmacies. Frontline crée ainsi un nouveau marché.
Lorsque la concurrence arrive, sa popularité est au plus haut. Aujourd’hui encore, la mesure de son taux de notoriété atteint 91 % selon le sondage « usages et attitudes » d’Ipsos pour la France en 2015. Cette même étude compte aussi un taux de satisfaction de 91 % chez les utilisateurs de la marque. Au début des années 2000, alors que Rhône-Poulenc est devenu Aventis après sa fusion avec Hoechst, l’activité santé animale ne faiblit pas et lance une combinaison de deux actifs. Le fipronil, allié au (S)-méthoprène, devient Frontline Combo. Tout comme pour le spot-on Frontline, toute une gamme voit le jour, adaptée à l’espèce (chat ou chien, la spécialité chat pouvant être utilisée chez le furet) et au poids de l’animal. Son atout ? Assurer à la fois la protection de l’animal mais aussi de son environnement en tuant les larves et les œufs de puces potentiellement disséminés dans la maison. « Cette fois, le produit a d’abord été lancé aux États-Unis sous le nom de Frontline Plus, où le marché des animaux de compagnie est immense, l’environnement concurrentiel très différent et l’enregistrement réglementaire plus rapide », explique Jean-Luc Michel, qui a d’ailleurs été recruté par Merial, la filiale Santé Animale d’Aventis (qui deviendra Sanofi Aventis en 2004, puis Sanofi tout court) justement pour redéfinir la stratégie antiparasitaire en Europe. Frontline Combo est mis sur le marché français en 2003 ; suivent progressivement les autres pays européens.
Nouvelle gamme hygiène
En 2015, la France voit arriver un petit nouveau, le Frontline Tri-Act, dédié exclusivement aux chiens, qui améliore la vitesse d'action contre les puces et les tiques et propose un effet répulsif contre les moustiques et les moucherons piqueurs. Il combine en effet le fipronil avec la perméthrine, hautement toxique chez le chat. Dernier lancement antiparasitaire en date : Frontline Gold, disponible aux États-Unis depuis 2016, qui combine fipronil, (S)-méthoprène et pyriproxyfène. Boehringer Ingelheim envisage de lancer Frontline Gold en Amérique Latine et en Asie, mais pas en Europe.
La gamme antiparasitaire Frontline s’arrête, pour le moment, à ces quatre références, mais se développe à ses côtés, depuis l’an dernier dans un certain nombre de pays européens, une nouvelle ligne appelée Frontline Petcare tournée vers l’hygiène des animaux de compagnie. « C’est un tournant important dans la vie de la marque tout en étant complètement cohérent. Nous proposons des shampooings, des nettoyants pour les oreilles, pour les yeux, des lingettes spécifiques… Nous venons de lancer un nouveau produit dans cette gamme, aux États-Unis, une pâte à mâcher pour l’hygiène buccodentaire et nous comptons encore étendre l’offre faite aux propriétaires de chats et de chiens », décrit Jean-Luc Michel.
À côté de la gamme à forte notoriété Frontline, un autre antiparasitaire a vu le jour en 2014 : Broadline. Il s’agit d’un spot-on destiné exclusivement aux chats, existant en deux versions (jusqu’à 2,5 kg et de 2,5 à 7,5 kg). Le produit allie quatre principes actifs. En plus du fipronil et du (S)-méthoprène, on trouve deux antiparasitaires internes, à savoir l’éprinomectine et le praziquantel. Son atout ? Être endectocide à spectre large, c’est-à-dire qu’il agit aussi bien sur les parasites externes que sur les vers comme les nématodes, les cestodes ou les ténias. « Nous avons choisi de développer ce produit sous le nom de Broadline et non de Frontline, pour des raisons réglementaires. Broadline est un médicament délivré sur prescription vétérinaire, ce qui n’est pas le cas de Frontline, qui ne nécessite pas d’ordonnance et peut se trouver dans d’autres circuits de distribution, notamment les animaleries. »
Leader de la prévention des maladies
Sans dévoiler précisément les projets à moyen et long terme de la filiale santé animale de Boehringer Ingelheim, Jean-Luc Michel promet un dynamisme soutenu. « Frontline est une marque qui, en tant que leader, a vocation à continuer à répondre aux besoins et aux demandes des propriétaires d'animaux de compagnie, dont le comportement a beaucoup évolué ces vingt dernières années. Nombreux considèrent désormais leurs animaux comme leurs enfants. Frontline sera à leurs côtés pour apporter protection et bien-être à leurs chats et à leurs chiens. » Le récent échange d’actifs entre Sanofi et Boehringer Ingelheim n’y changera rien. La filiale santé animale de Sanofi, Merial, est officiellement intégrée au groupe allemand depuis le 1er janvier dernier. « L’activité santé animale de Boehringer Ingelheim se positionne comme un leader de la prévention des maladies en général, c’est le numéro un mondial des antiparasitaires toutes espèces confondues. Les antiparasitaires sont notre territoire de prédilection et nous comptons continuer à renforcer notre place de leader », affirme Jean-Luc Michel. Des antiparasitaires qui continuent à être produits sur leur site historique, à Toulouse, dont les chaînes ont vu s’écouler plus de 3 milliards de pipettes de Frontline, qui se déclinent en plus de 500 références pour répondre aux exigences de chaque pays. Toulouse produit aussi la gamme Broadline.
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