L’UNION des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) n’en démord pas : les grands conditionnements génèrent du gaspillage. « Prouvez-le ! », avait lancé le président du Comité économique des produits de santé (CEPS), Noël Renaudin, lors de la dernière Journée de l’économie de l’officine organisée par « le Quotidien ».
Depuis, l’USPO a relevé le défi en présentant les résultats d’une enquête menée auprès de ses adhérents. Les traitements sur un an de 20 758 patients souffrant de diabète, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose ou d’excès de cholestérol ont été passés au crible. Résultat, le syndicat a pu montrer que 4 799 d’entre eux ont changé au moins une fois de molécule ou de dosage, voire ont complètement arrêté leur traitement. En clair, un peu moins d’un quart de ces malades chroniques (23,1 %) ont bénéficié d’une nouvelle prescription au cours de l’année et ont abandonné les médicaments qu’ils prenaient avant d’avoir terminé la boîte de trois mois. Ce qui se traduit, selon les calculs du syndicat, par un surcoût pour la collectivité de près de 36 millions d’euros par an. Une dépense qui aurait pu être évitée si les malades s’étaient plutôt vus remettre des conditionnements pour un mois, conclut l’organisation présidée par Patrice Devillers.
Des changements inévitables.
Mais pourquoi ces modifications de traitements interviennent-elles ? « Rien que pour les quatre classes thérapeutiques sur lesquelles notre étude a porté, il existe près de 600 présentations de spécialités différentes », explique Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO. Et les associations de principes actifs possédant de multiples dosages deviennent monnaie courante. « On a offert une énorme palette aux médecins pour leur permettre d’adapter les traitements, souligne Gilles Bonnefond. C’est bien pour les malades, mais on augmente aussi les chances de modification ou d’arrêt de traitement ».
Alors, quand le patient a reçu une boîte de 28 ou de 30 comprimés, il risque d’en jeter la moitié. Mais quand il s’agit d’un conditionnement trimestriel, c’est parfois 45 jours de traitement qui partent à la poubelle. Un gaspillage épouvantable aux yeux de l’USPO.
Un poids sur l’économie.
Autre raison selon le syndicat de mettre fin aux grands modèles : les difficultés financières rencontrées actuellement par les officines. « Lorsqu’ils ont été mis en place il y a cinq ans, l’économie de nos entreprises était en phase de progression, rappelle Gilles Bonnefond. Or aujourd’hui, nos résultats sont à la baisse et le poids de ces emballages sur notre économie n’est plus acceptable ».
Enfin, pour le syndicat, les grands conditionnements sont également incompatibles avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) qui prône le suivi thérapeutique. « Comment assurer la surveillance du traitement entre deux consultations si le patient reçoit un conditionnement trimestriel ? demande son président délégué. Comment savoir s’il prend bien son médicament ou s’il n’a pas subi d’effets secondaires ? » Pour lui, dire stop aux grands modèles, c’est faire « d’une pierre trois coups » : on évite le gaspillage, on rétablit l’équilibre entre le prix du médicament, les coûts de fabrication et distribution, et on permet le suivi thérapeutique dans l’esprit de la loi HPST. La balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics.
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