D’UNE PART, M. Copé a annoncé depuis très longtemps qu’il serait candidat à la présidence de la République en 2017. D’autre part, M. Fillon, qui n’a pas démérité pendant les cinq années du mandat de M. Sarkozy, ne saurait se retirer de la course à l’Élysée. Il a posé ses jalons depuis plusieurs mois, notamment en se portant candidat à la députation de Paris, dans une circonscription d’où il a réussi à évincer Rachida Dati. Laquelle estime aujourd’hui que l’ex-Premier ministre est « mal élevé » et qu’il enterre M. Sarkozy un peu vite. Soucieux de ne pas rester à l’écart d’une course qui commence trop tôt, Alain Juppé s’efforce d’apparaître comme un arbitre possible du différend.
M. Fillon a commis une faute, car, au moment où la droite se mobilise pour les élections législatives des 10 et 17 juin, il envoie un message très négatif aux électeurs en soulignant les divisions au sein de l’UMP. M. Copé, dont personne n’ignore l’immense ambition personnelle, n’a pas tort de dire que son mouvement doit d’abord faire le meilleur score possible aux législatives et que le nouveau président de l’UMP ne sera élu qu’en octobre prochain. Autrement dit : montrons-nous unis pour le moment, il sera toujours temps de nous départager. On peut aller plus loin : en 2017, le candidat de la droite ne sera légitime que s’il y a des primaires. Fort décrié par la droite, le processus mis en œuvre par les socialistes va s’imposer désormais dans toutes les élections où il n’y pas de candidat dit naturel. Même si Nicolas Sarkozy revient à la politique, même s’il est soudain saisi par le démon de la revanche, il devra se conformer à la méthode des primaires.
François Fillon n’est pas un enfant de chœur. En s’imposant à Paris au détriment de Mme Dati, il a abandonné tous ses scrupules, probablement parce que l’ancienne garde des Sceaux ne lui inspire pas beaucoup de tendresse. Elle lui rend bien l’animosité qu’il éprouve à son égard. De même que M. Fillon a vu s’organiser, un peu contre lui, et pendant le mandat de M. Sarkozy, une sorte de coalition des bébés Chirac », les Copé, Jacob, Baroin, Pécresse et autres qui, certes, ont servi M. Sarkozy loyalement et ont contribué à transformer une déroute attendue en défaite honorable, mais ont été consternés (sauf M. Copé) par la dérive droitière » de l’ancien président.
Chacun a ses atouts.
La bataille ouverte par M. Fillon contre M. Copé peut-elle avoir des effets négatifs sur le résultat des législatives pour l’UMP ? Chacun des deux hommes a ses atouts. M. Fillon a quitté ses fonctions avec une cote de popularité relativement élevée que n’ont pas entamée les dures réformes qu’il a mises en œuvre. Il est parvenu, chaque fois que M. Sarkozy s’emportait, avec inconscience, contre les élus UMP, à calmer le jeu et à les ramener dans le giron de la droite unie. Au prix d’un affaiblissement de sa loyauté, il a su marquer sa différence par rapport aux appels du pied lancés à l’electorat du Front national ou à ces débats interminables, parfois insupportables, sur l’identité nationale qui ont littéralement carbonisé Brice Hortefeux et Éric Besson. Il aura été maladroit quand il s’est dit « à la tête d’un État en situation de faillite financière » (il était chef du gouvernement et non de l’État), mais il n’a fait que prononcer le premier une vérité qui, aujourd’hui, nous torture. Mais il est seul et contraint de repartir de zéro en tentant d’obtenir un siège de député à partir duquel il souhaite en cinq ans revenir au statut de présidentiable.
M. Copé, en revanche, a abondé dans le sens du sarkozysme-qui-flirte-avec-le-FN. Il a durci son langage et ses comportements. Il dispose de son réseau de chiraquiens, sans avoir jamais trahi Nicolas Sarkozy. Il est allé bien plus loin que M. Fillon dans la séduction des électeurs de Marine Le Pen. Son discours est rationnel : dès lors qu’il n’a manqué qu’un million deux cent mille voix à M. Sarkozy, que les sondages indiquent que la droite est en mesure de garder la plupart de ses sièges, que le mode de scrutin suffira à cantonner le FN hors de l’Assemblée ou dans une présence symbolique, l’objectif sacré et urgent est d’aller aux élections dans l’enthousiasme et l’unité. Le discours de M. Copé apparaît donc comme rationnel et sage. M. Fillon reproche à son rival son « hypocrisie », mais lui-même ne peut cacher sa précoce ambition.
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