La permutation de Jean-Claude Jouyet et de Pierre-René Lemas entre la Caisse des dépôts et consignations et le secrétariat général de l’Élysée est un modèle de manipulation. M. Lemas était un docile serviteur de l’État et du président ; M. Jouyet était encore mieux, un ami personnel auquel M. Hollande avait pardonné d’être entré au gouvernement de Nicolas Sarkozy dans le cadre de la politique dite d’ouverture. Qu’importe si M. Lemas n’a pas démérité, qu’importe si les dirigeants de la Caisse des dépôts sont surpris de la méthode, qu’importe l’éclectisme politique de M. Jouyet. Dans le chambardement qui a suivi les municipales, le chef de l’État a fait exactement ce qui lui convenait. Sa seule préoccupation était de montrer qu’il restait maître à bord après avoir nommé à Matignon un homme qui risquait de lui faire de l’ombre et ne correspondait pas vraiment à ce que souhaitaient la plupart des socialistes. La gravité de la situation, le danger qui pesait sur le président lui-même, l’aspiration du peuple à un changement profond ont conduit M. Hollande à se servir du seul instrument qui lui restait : une Constitution qui le maintient au pouvoir pour trois ans encore, quoi qu’il arrive, et qui lui a permis, pendant ces extraordinaires journées d’avril, de transformer une gouvernance déliquescente en renforcement de ses prérogatives personnelles.
Avec la crise, tout est permis.
L’après-midi du discours de politique générale prononcé par Manuel Valls, qui l’a consacré comme un excellent orateur, on pouvait imaginer que le président laisserait son tout nouveau Premier ministre agir avec un minimum d’indépendance. Le choix des secrétaires d’État, la nomination de M. Jouyet, la façon cavalière de désigner littéralement un nouveau premier secrétaire du parti socialise en la personne de Jean-Christophe Cambadélis et d’« exflitrer » Harlem Désir en le plaçant au secrétariat d’État aux Affaires européennes traduit une manière imperturbable d’exercer le pouvoir et une indifférence absolue aux cris d’orfraie et aux quolibets. Le message de M. Hollande à son camp est le suivant : je n’ai pas le temps de respecter les règles ; le moment est trop grave pour que je ménage toutes les sensibilités. Le chef de l’État n’a pas tort, même si son comportement révèle qu’il ne pouvait échapper à la panique qu’en donnant un coup de poing sur la table : la crise économique et politique a atteint un tel degré d’intensité que tout moyen de la combattre est bon, même si les formes, auxquelles la gauche semble encore si attachée, ne sont pas respectées.
Mais il n’y a pas que les formes. L’événement le plus surprenant de cette séquence post-municipale reste la nomination de M. Valls. Plus populaire à droite qu’à gauche, le Premier ministre nourrit des idées qui ne répondent pas nécessairement au message de l’électorat, lequel a réclamé une politique de l’emploi et du pouvoir d’achat, pas une politique de l’offre. M. Hollande a donc fait son choix sans écouter ceux de son camp, et ils sont nombreux, qui voulaient l’inverse de ce qu’il a décidé. Il a ensuite chargé M. Valls de les convaincre ou de les mystifier. Il a laissé courir l’idée, d’ailleurs évidente, que si la confiance n’était pas votée, il faudrait dissoudre l’Assemblée. Il a opté définitivement pour une relance par la production tout en refusant de le dire clairement. Personne n’est dupe : la gauche ne cesse de vociférer, les syndicats sont hostiles, l’opinion est dans le doute. La droite, elle, omet soigneusement de dire que M. Hollande applique ses idées. Elle craint qu’un jour il réussisse.
En choisissant Valls et en changeant tout à l’Élysée et au PS, Hollande a bousculé son camp
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion