NOUS N’AVONS aucune envie de hurler avec les loups, de participer à la curée lancée par l’opposition de gauche et de droite contre les déclarations de François Hollande alors qu’il n’avait pas encore fini de parler. Nous noterons seulement que, dès vendredi matin, l’INSEE a publié deux chiffres : l’endettement de la France atteint 90 % de la production intérieure brute (PIB) annuelle et le déficit public en 2012 s’est élevé à 4,8 % du PIB, au lieu de l’objectif de 4,5 %, ce qui va rendre malaisé l’objectif de 3,7 pour 2013 (fixé antérieurement à 3 %). Ou comment un discours destiné à réaffirmer l’autorité du chef de l’État et à rassurer ses concitoyens est brusquement balayé par la réalité des faits.
Les commentaires se sont concentrés sur la taxe de 75 % sur la part de revenus supérieure à 1 million d’euros et qui sera payée non plus par celui qui perçoit le salaire mais par l’entreprise qui le lui verse. L’idée semble ingénieuse, elle risque d’être inapplicable dans le cas des artistes, des professions libérales, des écrivains, etc. M. Hollande traîne cette taxe comme un boulet depuis qu’il en a émis le principe, officiellement au nom de la solidarité, en vérité pour placarder Jean-Luc Mélenchon qui semblait menacer sa candidature à la présidence de la République. Le « choc de simplification » administrative est une sage décision, mais M. Hollande n’a pas dit en quoi il consistait. Le maintien du budget militaire, y compris dans la loi de programmation, qui concerne les six ans à venir, permettra de maintenir des dizaines de milliers d’emplois et d’assurer la sécurité du pays. Il reste à savoir dans quels domaines on abaissera la dépense publique dès lors qu’on exclut les dépenses militaires.
Pas de « big bang ».
M. Hollande aurait pu se servir de la tribune qui lui était offerte pour annoncer une nouvelle réforme des retraites et une vaste réforme fiscale. L’opinion attend une sorte de « big bang ». Malheureusement, s’il se produisait, il se traduirait immédiatement par une réduction des prestations sociales. Le président préfère les mesurettes : il diminuera les allocations familiales pour les foyers aisés. Enfin, dans la partie « libérale » de ses propos, il a annoncé un allègement de la fiscalité sur les cessions et transmissions d’entreprises.
Au moins la moitié de ses déclarations énonçait des mesures déjà prises et qui, en conséquence, ne répondent pas à l’aggravation de la crise et à la nécessité de prendre des mesures supplémentaires. Il a promis de ne pas accroître la pression fiscale en 2013 et en 2014, en dehors des augmentations de TVA prévues pour le début de l’année prochaine. Mais, si l’on tient compte des nombreuses portes qu’il a fermées à la réduction des dépenses, n’aurait-il pas dû annoncer une hausse plus forte de la TVA ?
On ne changera pas le caractère du président, pas plus qu’on n’a changé celui de son prédécesseur. C’est la fatalité de la tragédie : tout personnage façonne son destin à sa guise. M. Hollande peut avoir de la chance et trouver de la croissance à la fin de l’année ; ses mesures pourraient finir par porter leurs fruits. Voilà un homme, en tout cas, qui ne dira jamais qu’il ira « chercher la croissance avec les dents ». Qui ne haussera pas le ton dans une conversation avec un journaliste. Qui appliquera, quoi qu’il en coûte, les idées généreuses mais matinées de rationalisme, qui l’animent depuis toujours. Il restera un social-démocrate, un keynésien, et il cultivera jusqu’au bout son image de président simple et modeste. Ce sont des qualités. Il nous faudrait peut-être un chef d’État capable aussi de secouer une société qui risque de mourir de ses scléroses.
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