Et voilà, il est mort.
Ce matin je viens d’apprendre la mort d’un patient. La trentaine d’années. D’aucuns diront que c’était un SDF et un drogué, moi qui le côtoyais au comptoir toutes les semaines je sais que c’était bien plus que ça. C’était un de ces gars qui n’a pas vraiment eu de chance dans la vie, qui était tombé bas mais qui essayait de s’en sortir. Et par-dessus tout c’était un type bien, honnête et avec beaucoup plus de valeurs que beaucoup de « biens portants ». Oui mais voilà, il est mort, seul et dans la rue.
Certains disent que le métier de pharmacien est dur parce que nous sommes noyés par l’administratif, parce que le management est compliqué ou que le banquier frappe à notre porte. Oui il y a de tout cela, mais pour moi ce qui est le plus dur dans notre métier c’est que nous sommes des éponges à malheurs et à mauvaises nouvelles. Cancer, maladie, souffrances, décès : nous vivons avec tous ces maux au travers des mots de nos patients. Car nous les accompagnons du mieux possible tout au long de leur épreuve. Nous avons aussi notre lot de petits bonheurs, avec les naissances ou le sourire de clients que nous avons soulagé, mais parfois le fardeau des souffrances nous écrase. Il m'arrive dans un élan de légèreté de me dire que j’aimerais travailler pour la Française des jeux et apporter leur chèque aux gagnants du loto. Parfois je n’aimerais apporter que du bonheur et fuir ces terribles nouvelles.
Il est mort, et ce matin je pense à lui. Je ne pense qu’à lui et à tous les autres que nous avons accompagnés jusqu’au bout. J’ai dit qu’il était mort seul, mais je crois qu’en fait il ne l’était pas car nous étions, l’équipe de l’officine et moi-même, toujours un peu avec lui.
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