LA LECTURE du texte du traité est aride et nous n’en imposerons même pas des extraits à nos lecteurs. Il est licite de dire que le traité conclu à la fin du mois de juin par les Vingt-Sept est la continuation du traité de Maastricht qui n’a pas empêché la crise de la dette pour une raison évidente : ses prescriptions n’ont pas été respectées. La France, en particulier, a très largement dépassé les objectifs maastrichtiens de 3 % de déficit budgétaire et d’une dette inférieure à 60 % du produit intérieur brut. Les opposants, de gauche ou de droite, au traité de Maastricht ne peuvent donc pas invoquer l’argument de son échec. Il a échoué parce qu’il a été bafoué par des États qui n’avaient d’autre moyen, pour atténuer les effets extraordinairement pervers de la crise de la dette, que de s’endetter encore plus.
Au Front de gauche, au Front national, à l’aile gauche du PS, au PCF, on invoque aussi les abandons de souveraineté implicites que contiennent des dispositions disciplinaires sur l’équilibre budgétaire, la dette et la stabilité des prix. Ils devraient tout de même mesurer la signification d’un rejet du traité par la France. Elle ne pourrait pas rester dans la zone euro. Elle retournerait au franc. Elle pratiquerait la dévaluation, non sans avoir, au préalable, ruiné ou appauvri ses épargnants. En érigeant des barrières douanières, elle évoluerait progressivement vers l’autarcie, alors que le monde est devenu complètement interdépendant. Si notre pays devenait un « lonesome cowboy », il perdrait toute influence sur l’Europe et sur le monde. Ce serait un abandon de souveraineté bien plus grave que celui qu’induit le maintien dans la zone euro.
Des prix Nobel à la rescousse.
Les mouvements hostiles au traité affirment aussi que François Hollande, contrairement à ce qu’il a affirmé, n’a pas « renégocié » le traité à proprement parler, comme il s’y était engagé. C’est vrai. Il s’est contenté d’obliger Angela Merkel à adopter un « pacte de croissance » qui, sans être négligeable (il s’agit de quelque 120 au total, 10 pour la France) n’est pas de nature à faire bondir la croissance en Europe. Les mêmes se sont jetés gouluement sur la profession de foi de quelques grands économistes, par exemple les prix Nobel américains Joseph Stiglitz et Paul Krugman qui, comme le président Obama, craignent que l’austérité achève les économies européennes, déjà blessées par la crise de la dette. Ils préconisent donc le rejet de la rigueur et une plus lente résorption des déficits publics assortie d’efforts de relance susceptibles de créer des emplois et, par voie de conséquence, de diminuer l’endettement. Il n’est pas possible de récuser une idée exprimée par des économistes aussi compétents et on a bien cru, à la rentrée, que le gouvernement s’acheminait sur cette voie. Le chef de l’État et son Premier ministre ont vite clarifié le débat : en 2013, quoi qu’il en coûte, la France ramènera son déficit budgétaire à 3 %.
Pourquoi ? Parce que l’assainissement de nos comptes n’est pas un caprice d’Angela Merkel ; il ne signifie pas que nous nous inclinons devant les diktats de la Commission de Bruxelles. C’est une nécessité vitale nationale. Et même si nous abandonnions la monnaie unique, ce qui n’est pas du tout souhaitable, nous devrions de toute façon tendre, année après année, vers les équilibres fondamentaux, en matière de déficits, de dette et d’inflation. Ni M. Stiglitz, ni M. Krugman ne nous encouragent à emprunter toujours plus. Ils souhaitent seulement que nous trouvions la solution à la quadrature du cercle : retour à l’équilibre sans tuer la croissance.
M. Hollande et M. Ayrault ont élevé la voix pour amener la gauche de la gauche à résipiscence. Pourquoi ne se contentent-ils pas de soumettre le texte de loi au Parlement où ils sont assurés de trouver une majorité grâce au renfort des élus de droite ? Il s’agit d’un jeu politique. Ils veulent pouvoir dire qu’ils tiennent la gauche et que le traité aurait été adopté, même si les élus de droite avaient voté contre. Peu importe comment ils parviennent à franchir le cap. On peut être à droite ou à gauche, mais, dès lors que le traité est bon pour nous, nous devons soutenir le gouvernement.
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