D’ABORD conseillère municipale, puis maire adjoint à La Tour-du-Pin (Isère), Valérie Bourey a souhaité continuer à s’investir aux côtés des habitants de sa région en prenant la présidence d’une association locale. « C’est un cheminement, explique cette maman de trois enfants. Suite à mon engagement auprès de la mairie, j’ai eu envie d’apporter autre chose à la ville où j’habite. » De nombreux adjoints choisissent de servir les autres, à l’image de la jeune femme. Pour un officinal, ce n’est pas si étonnant, comme le rappelle Michel Lallement, sociologue et professeur au CNAM : « Traditionnellement, plusieurs métiers, comme celui de pharmacien, naissent sur une logique de vocation. Voué à s’occuper d’autrui, il faisait partie des édiles du village. Actuellement, certains ont besoin d’un engagement personnel supplémentaire pour s’épanouir professionnellement. » Responsable des écoles à la mairie, Valérie Bourey était également mère de bambins, en bas âge à l’époque de sa mission. Certains points, comme les règles d’hygiène et de santé, étaient sensibles aux yeux de cette pharmacienne, qui a développé une attention particulière sur les questions de cuisine centrale et de cantine, ainsi que sur la mise en place de la gestion des DASRI. Aujourd’hui présidente de l’Association familiale de La Tour-du-Pin, elle met son temps au service des autres parents : « Nous organisons des bourses aux vêtements et aux jouets, notamment pour Noël. Cette année, nous menons un grand projet : la création d’un site Internet spécifique. » Très dynamique, la jeune femme est élue à l’Ordre des pharmaciens de la région Rhône-Alpes qui l’a sollicitée : « Compte tenu des grandes évolutions de notre profession, cette démarche me paraissait importante. Les questions déontologiques m’intéressent particulièrement. »
Concilier engagement et vie professionnelle.
Mais ce choix ne s’improvise pas et demande une organisation rigoureuse, tant dans le travail que pour la sphère privée. « Dans tous les cas, ce n’est pas simple, explique Michel Lallement. Le conjoint doit accepter la nouvelle organisation, et la personne, si elle opte pour un temps partiel, par exemple, sait qu’elle renonce à certaines choses en termes de parcours professionnel. » Valérie Bourey a cessé son engagement municipal pour se consacrer à son association, dont elle est présidente depuis un an, et à l’Ordre des pharmaciens. « La première chose à faire est de parler à son titulaire pour voir si l’engagement est conciliable avec le poste d’adjoint. Personnellement, je suis à temps partiel. Ma vie de famille et ma volonté de m’investir à l’Ordre, puis dans mon association, primaient sur le reste. » Néanmoins, les choses sont claires pour la jeune femme : à l’officine, elle se consacre à ses patients ; à l’association, elle n’est plus pharmacien. « Mais je garde ma sensibilité de professionnelle de santé dans le regard que je porte sur autrui, s’amuse t-elle. Pharmacien, maire adjoint ou présidente d’association : la volonté est la même : aider ceux qui vivent dans la même ville que moi ! »
Même cheminement du côté de Jérôme Paresys-Barbier, président de la Section D de l’Ordre : « Je partage aujourd’hui mon temps entre l’officine et l’Ordre, explique t-il. J’ai pris cette décision de travailler à temps partiel depuis mon élection à la présidence, en 2001, mais surtout depuis 2005 avec la régionalisation de notre section. » Adjoint d’officine depuis plus de 20 ans après une expérience hospitalière, il partage une même vision du métier avec son titulaire : « Nous sommes dans un rapport gagnant-gagnant car nous avons envie de travailler ensemble. Le dialogue entre nous s’est engagé dès le début. » Mais le double emploi du temps lui demande une sacrée organisation : allers-retours entre Paris et Preignac (Gironde), où il travaille, journées qui démarrent très tôt, gestion de la vie quotidienne également à Paris… La protection des intérêts du pharmacien – l’entrée prochaine des adjoints au capital de l’officine, et leur implication dans la loi HPST – vaut bien cette double vie ! À ses yeux, la défense de la profession, notamment de son indépendance, et la mise en avant de sa déontologie, s’avère un combat essentiel. « Je me suis investi à l’Ordre particulièrement depuis 1995. J’avais eu de nombreux contacts avec les élus et j’avais envie de faire avancer les choses. C’était un bon moyen de participer à la réflexion sur notre métier. » Rien d’étonnant pour ce pharmacien qui n’en est pas à son coup d’essai. D’abord engagé dans la réserve active, il consacre une partie de son temps libre au Service de santé des armées. Mais Jérôme Paresys-Barbier n’en reste pas là : convaincu que la pharmacie d’aujourd’hui doit beaucoup aux progrès passés, il cherche à faire partager ses connaissances, et intègre la Société d’histoire de la pharmacie, dont il est toujours membre. « J’aime l’histoire et les sciences, poursuit-il. Nous tirons du passé de nombreux enseignements pour l’avenir. » Très actif, il est aussi secrétaire général de la société française des docteurs en pharmacie, et appartient à l’association du musée de la pharmacie de Montpellier. Une mobilisation en entraîne une autre…
Se battre pour les moins chanceux.
C’est le même dynamisme qui a guidé les pas de Gilbert Lesueur. Algérie, Mauritanie, Zaïre, Centrafrique… Il a roulé sa bosse comme pharmacien militaire au Service de santé des armées pendant 30 ans. De retour en France, sa première pensée est pour les Africains : « J’ai eu un grand choc en voyant le gâchis qui avait cours dans certains hôpitaux, alors que, au Maroc, j’ai vu des infirmières couper des compresses en quatre, faute de matériel suffisant », souligne-t-il. Fort de son expérience de pharmacien, il s’investit d’abord dans Pharmaciens sans frontières, avant de se battre aux côtés de Pharmacie humanitaire internationale (PHI). « Nous acheminons du matériel médical. En janvier, nous enverrons au Cameroun deux blocs opératoires, deux cabinets dentaires et une table de radiologie », explique Gilbert Lesueur. Titulaire jusqu’en 2001 dans l’Eure, il profitait de ses moments disponibles pour trier les médicaments, les ranger dans les cartons Cyclamed et les expédier chez PHI. Aujourd’hui adjoint, il a effectué quelques remplacements, en particulier chez un grossiste de Caen et prend du temps sur ses loisirs pour s’occuper de l’association. « Je représente également la pharmacie humanitaire à la section D de l’Ordre. » À 71 ans, le pharmacien porte beau et continue de se battre pour trouver du matériel destiné notamment au Sénégal et au Cameroun. « Sur le plan personnel, j’ai besoin de m’engager. Disons que j’ai l’impression de servir à quelque chose », plaisante-t-il. Même souhait de la part de Ludivine Gueniat, lauréate du second prix lors de la dernière édition du concours interfacultés de la dispensation d’ordonnance : « Je pense que l’épanouissement professionnel est réel - surtout pour un officinal qui prend en charge son patient comme on nous l’apprend actuellement - mais il n’est pas suffisant, explique cette jeune assistante. Il y a un échange, un partage entre personnes de différentes générations et le métier de pharmacien me permet de mieux comprendre leurs souffrances et d’avoir de l’empathie, du respect, et d’essayer de leur apporter un peu de soulagement. » Croyante, la jeune femme a mis son énergie au service d’une association catholique : « Je suis engagée comme pharmacien pour le diocèse de Dijon au service des malades. Ce choix nécessite un travail très important dans les mois qui précèdent le pèlerinage annuel : préparation du matériel médical, choix des médicaments, étude des dossiers des patients avec les médecins, préparation des urgences éventuelles… »
Le besoin de se remettre en question.
En quête d’un autre challenge intellectuel, Françoise Amouroux, pharmacien à Sainte-Hélène (Médoc), a choisi la formation professionnelle. En se rendant à la soirée de formation UTIP à Bordeaux, elle apprécie l’ambiance conviviale qui y règne : « J’ai discuté avec les autres participants et les organisateurs m’ont proposé de collaborer à la préparation des sessions. J’ai tout de suite accroché », explique-t-elle. Nouveau membre du bureau national depuis les dernières élections et conseiller scientifique, elle apprécie l’esprit de groupe et le travail serein mené à l’UTIP : « Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire ce métier sans être régulièrement formée et informée. Nos patients eux-mêmes sont de plus en plus renseignés ; nous devons l’être au moins autant qu’eux. » Et de citer une de ses expériences récentes au comptoir, où elle devait faire une préparation de Tamiflu pour un bébé : « J’ai assisté à une formation de l’UTIP sur la grippe A et j’ai pu recueillir les éléments qui m’ont permis d’effectuer cette préparation. La prescription du médecin n’était plus à jour. Les formations m’ont donné le réflexe d’aller chercher systématiquement l’information afin de répondre à une demande, et de ne pas prendre pour argent comptant ce que disent les prescripteurs, comme c’était le cas pour ce petit patient. Nous devons vérifier la cohérence d’une posologie. » Motivée par ces expériences, Françoise Amouroux s’investit dans l’organisation de soirées de formation, par exemple sur le reflux gastro-œsophagien en janvier prochain. « En juillet, nous définissons notre planning de formation annuel, qui prévoit environ une vingtaine de soirées, élaborées avec une pharmacienne hospitalière, explique-t-elle. Nous réfléchissons aux sujets qui peuvent intéresser les confrères. Mon titulaire est très ouvert à la formation. Quand j’ai besoin d’aller à Paris, il me laisse une souplesse horaire qui est précieuse. À charge de revanche ! » Outre le renforcement de ses compétences, Françoise Amouroux apprécie aussi la richesse du dialogue confraternel pendant les formations : « J’avais envie de voir autre chose intellectuellement, et besoin de me remettre en question ; et c’est aussi pour cela que je m’investis depuis plus de dix ans dans la qualité, au sein d’une autre association, la Commission qualité Aquitaine pour la pharmacie d’officine (CQAPO), qui vient de mettre à la disposition des confrères un site de bonnes pratiques officinales. » Une mobilisation qui laisse à penser que l’engagement appelle l’engagement, et l’envie de multiplier ses missions au service des autres.
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