À l'ère de l'information instantanée, le sort des immigrés, clandestins ou non, soulève de la compassion en Europe tandis que leur nombre incite plutôt à l'indignation. Le traitement au cas par cas, entre ceux qui arrivent presque nus, affamés et malades et ceux qui devraient, après enquête, bénéficier du droit d'asile, est un travail d'entomologiste. En fait, les Européens, si unis face au Brexit, sont très divisés sur l'immigration, les uns, surtout à l'Est, fermant leurs frontières, les autres essayant de ne pas désespérer ces hommes, femmes et enfants qui n'ont d'autre espoir que le paradis européen. Il en résulte un chaos absolu. D'abord, les personnes reconduites à la frontière ne quittent la France que sous l'effet de la coercition policière à laquelle ils tentent d'échapper par tous les moyens. De sorte que ceux à qui la France a annoncé leur inéluctable départ continuent à y vivre dans la clandestinité. Ensuite, la procédure d'asile est si lente que nombre d'immigrants qui l'ont demandée finissent par s'implanter sur notre territoire, surtout s'ils trouvent un travail. Leur séjour est illégal, mais ils bénéficient des largesses de la Sécurité sociale.
Le gouvernement s'efforce de mettre de l'ordre dans ce tableau, ambition légitime. Il est vrai cependant que non seulement il n'y parvient pas, mais l'imagination étant rarement au pouvoir, il s'éloigne irrésistiblement de son credo compassionnel et finit par proposer ce qu'ont fait ses prédécesseurs. L'idée d'immigration choisie, que M. Philippe adopte en l'appelant d'une autre manière, était celle de Sarkozy, de même que l'effort, dont les migrants se moquent, pour que nous trouvions, parmi eux, ceux qui seraient capables de combler les trous dans notre système d'embauche, ne constituent vraiment pas des idées neuves ou efficaces. De même, les migrants ne s'acheminent pas vers nos côtes en comptant leurs propres effectifs. C'est une sorte de marée inconsciente d'elle-même qui n'a aucune idée de nos lois et règlementations.
Paradis ou cauchemar
Le paradis français se transforme vite en cauchemar, comme en témoignent les évacuations des campements sauvages à Paris ou à Calais. Ils sont partis, ils reviennent. Ou bien ils créent ailleurs des campements simplement dictés par l'instinct grégaire. Là où règne un immense chaos émotionnel, le gouvernement essaie d'instaurer un peu d'ordre. Il échoue la plupart du temps. Il reprend en outre des méthodes qui ont été éprouvées et apportent la certitude de l'échec. On veut réduire l'aide médicale d'État en expliquant qu'il faut mettre un terme au tourisme médical, mais on sait très bien que, si ces malheureux ne sont pas soignés, ils contamineront, ne fût-ce que théoriquement, le reste de la population.
Bien entendu, à la veille des élections municipales, le message du pouvoir est politique. Il s'agit de ramasser la mise de la fermeté dont le rassemblement national a l'apanage. Un tiers au moins de l'opinion française croit dur comme fer qu'il faut tout simplement interdire l'immigration, fermer les frontières, comme en Hongrie. Emmanuel Macron n'a pas osé aller jusque là, de sorte qu'il a un déficit de popularité, au moins dans ce dossier, par rapport à Marine Le Pen. On ne saurait assez souligner le danger d'une dérive autoritaire, à laquelle nous sommes certains que le pouvoir ne veut pas céder, mais qui fait que trop de nos concitoyens sont convaincus de la nécessité de s'aligner sur la vision du Rassemblement national. Ce que le gouvernement propose, c'est un travail de dentelle, dont les effets ne seront pas visibles pendant longtemps. Aussi compliqué que soit son projet, il n'en a pas trouvé d'autre qui garantisse leurs droits aux migrants tout en réduisant, de façon sévère, le flux de l'immigration.
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