Itinéraires de pharmaciens en campagne

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Une vingtaine d’officinaux briguent un siège de député à l’occasion des élections législatives qui se dérouleront les 10 et 17 juin prochains. Professionnel de santé au cœur de la cité, le titulaire joue aussi un rôle social. Et de l’officine à l’Assemblée nationale, il n’y a souvent qu’un pas. Rencontre avec trois pharmaciens qui, parmi d’autres, entendent bien s’asseoir prochainement sur les bancs du Palais Bourbon.

• Michel Petit : la fibre sanitaire et rurale

Conseiller général du canton de Beaumetz-lès-Loges et président de la communauté de communes des Vertes Vallées, maire de Berles-au-Bois, Michel Petit a décidé d’abandonner une de ses casquettes s’il est élu aux législatives dans la première circonscription du Pas-de-Calais. Pour être connu dans la plus grande circonscription électorale française (295 communes) mieux vaut être prêt à parcourir les kilomètres et à être bien implanté au niveau local ! Un atout que détient ce pharmacien de cinquante-neuf ans, installé à Wanquetin (Pas-de-Calais), près d’Arras, depuis 1985. Gaulliste et séguiniste de conviction, il a lancé sa campagne dans une ferme du Ternois et affirme « ne jamais avoir le doigt sur la couture ».

« Je me suis présenté en 1998 aux cantonales afin de créer une intercommunalité et mieux soigner le canton. » Ruralité, santé et développement économique sont ses chevaux de bataille. Il connaît désormais toutes les arcanes de l’aménagement du territoire et des schémas de santé départementaux, mais également les difficultés rencontrées quand il « s’agit de fédérer les professionnels de santé autour d’un projet local ou de trouver des solutions à la désertification médicale », souligne-t-il. Son dernier dossier : une maison de santé adossée à une plate-forme pour les familles d’aidants et à une maison intergénérationnelle. « C’est un projet de près de 5 millions d’euros en cours de montage financier porté par la communauté de communes », explique Michel Petit qui n’en dévoile pas (encore) la localisation. « J’ai la fibre sanitaire », affirme ce pharmacien qui s’est investi durant plus de dix ans comme secrétaire départemental du syndicat des pharmaciens du Pas-de-Calais. S’il a désormais deux adjoints pour le seconder à l’officine, il effectue toujours lui-même toutes ses gardes.

• Cyril Pouclet : pharmacien, apiculteur, écologiste et… candidat

« Pharmacien, mycologue, apiculteur amateur, membre des croqueurs de pommes, propriétaire d’un verger d’espèces anciennes », tel se présente ce pharmacien de 56 ans sur le site Internet d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Cyril Pouclet, qui entame une troisième campagne législative dans la 3e circonscription des Deux-Sèvres, après celles de 1993 et de 2007, espère que son score pèsera dans la balance locale. Même si celui d’Eva Joly à la présidentielle n’est guère encourageant. Trésorier du bureau exécutif régional, ce pharmacien installé en zone rurale, à Bressuire, est un militant de longue date : « J’ai adhéré à l’âge de seize ans à une association de protection de l’environnement de la côte vendéenne, puis aux Verts en 1990. » Ce petit-fils d’agriculteur évoque facilement les dangers « insidieux » des pesticides, le coût pour la collectivité du pompage de l’eau pour l’irrigation du maïs avec la construction de bassines, de gigantesques réservoirs en plastique fortement subventionnés. « J’ai vu mes abeilles dépérir suite aux épandages d’insecticides », ajoute Cyril Pouclet, qui soigne aussi ses vergers et ses ruches. « J’ai fait le choix de m’associer pour ne pas trop dépasser les quarante heures hebdomadaires et conserver du temps libre pour mes passions », précise-t-il. Il milite également pour l’instauration de mesures fermes pour freiner la désertification médicale. « Je vois souvent passer des ordonnances de six mois pour les malades chroniques en raison du manque de médecin dans la circonscription. Il existe des quotas pour les pharmaciens. Le même principe doit s’appliquer pour les médecins au travers du conventionnement. Ceux qui désirent s’installer dans des régions où ils sont en surnombre ne doivent pas bénéficier du conventionnement. Pour ceux qui sont déjà installés, cela doit être lié à l’ancienneté. Même si nous sommes des professions libérales, nous faisons partie du service public », affirme ce pharmacien « écologiste et environnementaliste ».

• Cyrille Grenot : un centriste engagé

« J’ai tissé des liens avec les habitants autres que ceux simplement liés aux relations de clientèle et cela m’a permis de comprendre les difficultés qui s’accumulent au quotidien », explique Cyrille Grenot, installé depuis 1989 dans le quartier sensible de la Lombardie, à Rouen. « Cela m’a permis de faire plusieurs constats et de prendre la décision de m’investir en politique pour apporter des solutions de changement, notamment en faveur du retour à l’emploi. Nous devons vendre les qualités des salariés de nos quartiers, accompagner les jeunes depuis l’école jusqu’à la formation continue », affirme ce pharmacien qui a déjà à son actif deux campagnes, aux cantonales en 2011 et aux régionales en 2010 (en tant que colistier).

Fondateur de l’association « Quartiers d’avenir », référent pour les appartements thérapeutiques, trésorier de La Boussole, une structure d’aide aux toxicomanes, et administrateur du réseau Normandie Business Angels, il s’implique sur le terrain comme en politique. Certes, ce candidat unitaire – UMP et Nouveau Centre – ne part pas favori dans la première circonscription de Seine-Maritime où François Hollande affiche un score de 56 %, mais il « se battra jusqu’au bout ». S’il est élu, il se voit porteur de plusieurs projets. « Je défends, affirme-t-il, l’idée d’un projet de loi qui permettrait d’élargir le principe des zones franches urbaines en faisant bénéficier les entreprises situées hors de ces zones d’avantages fiscaux dès lors qu’elles embauchent des salariés issus des quartiers concernés. » Autre credo : la défense de la profession et de son éthique. « J’estime qu’il faut développer des sociétés d’exercice libéral (SEL) plus ouvertes pour permettre une plus grande liberté économique, tout en maintenant les vraies valeurs de notre profession », ajoute-t-il. Les jeunes pharmaciens de la région sont certainement ses premiers supporters : il est toujours administrateur et largement impliqué dans l’association des pharmaciens maîtres de stages pour la faculté de Rouen.

CYRIENNE CLERC

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