JEAN-YVES PRADIER a une double vie. Certains soirs, cet honnête pharmacien chaurien (nom des habitants de Castelnaudary) quitte son officine, habillé de bien étrange manière : lourde robe pourpre, coiffe en forme de cassole (plat à cassoulet), étole jaune et médaille en sautoir… Ce costume est celui de la Grande Confrérie du Cassoulet de Castelnaudary. Un groupe de notables bons vivants attachés à la promotion de leur terroir. « Le cassoulet est le véritable poumon économique de Castelnaudary où il représente de nombreux emplois en conserveries, restaurants, traiteurs… », explique Jean-Yves Pradier qui se définit d’abord comme un chef d’entreprise : « J’aime développer mon officine, progresser, être à la pointe de la technologie… La pharmacie pure, c’est plutôt ma femme ; même si j’adore le contact avec les clients. »
Né au Maroc, Jean-Yves Pradier choisit la pharmacie par amour des matières scientifiques. Il rencontre son épouse pendant de ses études à Montpellier et, ensemble, ils reprennent une minuscule officine de Castelnaudary, en 1980 : « Nous étions les plus jeunes installés de France à 24 et 25 ans. »
L’officine est si exiguë et si peu fréquentée qu’ils décident de licencier la préparatrice en place. Mais, très vite, les clients affluent, le chiffre d’affaires progresse et ils stoppent la procédure de licenciement. Bien leur en prend, car Germaine, leur préparatrice, va prendre une part active au développement de l’officine. En effet, au départ à la retraite de l’unique orthopédiste de la ville, elle propose de fabriquer elle-même corsets, ceintures… C’est un succès. La pharmacie finance sa formation d’orthopédiste, crée un espace dédié, un parking privé et finit par engager une seconde orthopédiste qui n’est autre que… la fille de Germaine. « L’orthopédie nous assure de bonnes marges qui permettent d’équilibrer celles de l’officine, indique Jean-Yves Pradier. Et c’est un marché que l’on nous prendra difficilement, compte tenu de notre expérience et de la qualité de nos prestations. »
Au fil des ans, la pharmacie Pradier a englobé la librairie attenante et un salon de coiffure ; elle emploie désormais 14 personnes dont 4 pharmaciens. Une réussite qui a sans doute valu à son titulaire, son intronisation au sein de la Grande Confrérie du Cassoulet de Castelnaudary.
Créée en 1970, cette confrérie tient deux « chapitres » (assemblées) par an, dont l’un à la Fête du cassoulet qui attire des dizaines de milliers de personnes à Castelnaudary, le dernier week-end d’août. Ses membres participent aussi à de nombreuses manifestations à la gloire du cassoulet, en France et à l’étranger ; sans compter les échanges avec d’autres confréries comme celle les anysetiers. « J’y vois une complémentarité, plaisante Jean-Yves Pradier. Par ses vertus digestives et surtout carminatives, l’anis est apprécié des consommateurs de cassoulet… » Sur le plan diététique, le pharmacien demeure plus circonspect : « Le cassoulet est un bon produit ; le haricot est riche en fibres… Certes, avec le confit, la saucisse, l’ensemble est un peu gras, il ne faut pas abuser… »
Durant toute sa carrière, Jean-Yves Pradier s’est aussi beaucoup investi dans sa cité : Rotary, tribunal de commerce, associations familiales… ce qui ne l’a jamais empêché de pratiquer tennis, footing, natation et vélo avec ses amis. Bref une vie riche dont il savoure chaque journée, dès les premières heures : « j’aime être à l’officine à 7 heures. » Néanmoins, à 61 ans, il réfléchit à l’après-pharmacie… Une nouvelle vie qu’il envisage active, bien entendu, au service d’une entreprise et de sa région.
Pour tout savoir : www.confrerieducassoulet.com.
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