Dans l'électorat français de droite, les déboires judiciaires de François Fillon sont souvent considérés comme le résultat d'une cabale politique assortie d'une complicité médiatique et, plus rarement, accueillis avec le fatalisme qu'inspire le respect du fonctionnement des rouages de la démocratie. Aussi bien les journalistes éprouvent-ils de grandes difficultés à exposer les conséquences, dramatiques pour la droite, de l'affaire. En effet, si on s'abrite derrière la thèse selon laquelle elle a été montée de toutes pièces par une officine malfaisante vouée à empêcher l'alternance, toute discussion devient inutile. Il ne s'agit plus que de trouver les coupables et les mettre en prison.
Qu'un clan, un parti ou seulement des individus malhonnêtes veuillent peser sur le scrutin présidentiel par des moyens hors la loi, on en convient aisément. Que le dossier Fillon n'existe pas, en revanche, est un mythe. Devant l'absence de la moindre preuve, les soupçons de l'opinion auraient rapidement disparu et la cote de François Fillon serait très élevée. Quelqu'un, assurément, a fourni au « Canard enchaîné » la matière première de son feuilleton dévastateur. Mais personne n'a inventé les accommodements avec l'éthique, sinon avec la loi, pris par l'ancien Premier ministre.
Importance du troisième pouvoir.
Avec ses avocats, il tente en ce moment de disqualifier l'action du Parquet national financier (PNF), chargé de l'affaire.Le PNF est une institution judiciaire récente, créée par une loi qu'a adoptée le Parlement pour empêcher ou traiter de nouvelles affaires de type Cahuzac. Les pratiques fiscales de l'ancien ministre du Budget avaient secoué le pouvoir au début du mandat de François Hollande. La droite, alors, n'a rien trouvé à redire au traitement de l'affaire par la presse puis par la justice. Ce qui démontre que les deux institutions ne sont contestées que par le camp qu'elles visent. Un parti est beaucoup indulgent pour les médias et l'institution judiciaire si c'est le parti adverse qui est victime des révélations des premiers ou de l'action de la seconde. Il les accuse de malhonnêteté quand il essuie leurs tirs. Voilà pourquoi il est dangereux de s'en prendre aux institutions. Cela revient à utiliser un moyen de défense qui sacrifie un peu vite le socle sur lequel est posé notre démocratie : l'équilibre entre les quatre pouvoirs. Les avocats de M. Fillon plaident l'ingérence de la justice dans l'activité parlementaire. Ils ne peuvent ignorer pourtant que, sans troisième pouvoir, la démocratie est inopérante.
Des millions d'électeurs sont prêts à passer outre les manquements de M. Fillon pour assurer l'alternance. Ils ne veulent pas être privés de leur candidat à cause d'une affaire dont ils ont peut-être tendance à minimiser la gravité. Ils ont peut-être raison si le redressement du pays, tel que M. Fillon pense qu'il doit l'accomplir, est plus important à leurs yeux que la bonne réputation du vainqueur de la primaire de la droite et du centre. Mais ils doivent exercer leur discernement entre les manipulations dont il est peut-être victime et divers autres éléments d'appréciation offerts par la presse et par la justice.
Ces éléments n'ont pas été inventés. C'est certainement à dessein qu'ils ont été livrés en pâture à l'opinion à la veille des élections : il s'agit, à n'en pas douter, d'une tentative, peut-être même réussie, de déstabilisation du processus électoral ; la justice, si sévère, doit aussi rechercher les éventuels comploteurs et la presse doit les dénoncer. Il n'est pas question de nier les failles de systèmes professionnels capables de commettre des erreurs et qui n'échappent d'ailleurs pas à de dures critiques. Il faut seulement rappeler que, si on méprise les juges et les journalistes, on affaiblit aussi les libertés.
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