Il n’est pas facile de se documenter sur le monde de la pharmacie nord coréenne, mais les statistiques de l’OMS fournissent quelques éléments : le pays de 25 millions d’habitants ne compte pas moins de 9 500 pharmaciens et « assistants pharmaceutiques », exerçant essentiellement dans les centres de santé et les hôpitaux.
L’ensemble des soins, comme les médicaments, sont gratuits pour la population. Le système de santé nord coréen, aux infrastructures souvent sommaires, est une copie conforme des systèmes publics de santé « à la soviétique », et, comme eux, est fréquemment touché par les pénuries. Après avoir été à deux doigts d’un effondrement total il y a une dizaine d’années, le service de santé a repris depuis quelques couleurs, de l’avis des rares experts internationaux qui ont pu l’étudier. En raison des problèmes chroniques d’approvisionnement en médicaments, aggravées par les crises économiques et les sanctions internationales, les médecins et les pharmaciens ont encore très largement recours à la pharmacopée traditionnelle Koryo à base de plantes, les produits industriels étant rares et chers, et souvent vendus au marché noir. La Chine et le Bangladesh sont les principaux exportateurs de médicaments vers la Corée du Nord.
Une chaîne d'une dizaine d'officines
Créée en 2002, la société pharmaceutique Pyongsu, fruit d’une joint-venture avec une société suisse, s’est lancée à la fois dans la production de médicaments et dans la distribution, en ouvrant récemment plusieurs pharmacies modernes à travers le pays. Elle en possède actuellement plus d’une dizaine, dont une ouverte 24 heures sur 24 dans la capitale, et poursuit son expansion. En 2016, Pyongsu a annoncé la mise au point d’un médicament à base de ginseng et d’extraits végétaux, le Kumdang 2, efficace contre plusieurs maladies graves, dont le SIDA et Ebola, nouvelle qui a toutefois laissé sceptique la communauté internationale. Il n’en reste pas moins que Pyongsu, qui a fait l’objet d’une certification par la société française Certipharm, produit ou commercialise 300 médicaments essentiels, issus de la pharmacopée Koryo ou fabriqués en partenariats avec des laboratoires égyptiens et bengalis. Outre cette chaîne, dont les officines, du moins sur son site internet officiel, rivalisent de modernité, quelques pharmacies indépendantes commencent à se créer à Pyongyang. Selon le « New York Times », qui a récemment consacré un dossier à l’évolution du commerce dans le pays, ces officines font penser « aux premières pharmacies privées que l’on voyait dans les pays de l’est au lendemain de la chute de mur de Berlin », et la tendance devrait se poursuivre.
Dans ses publications officielles, le régime nord-coréen s’enorgueillit de ses succès récents en matière de santé, et présente non seulement ses médicaments, mais aussi quelques hôpitaux ultramodernes, dont une clinique ophtalmologique dernier cri. Des affirmations à mettre en balance avec d’autres sources indépendantes qui, si elles reconnaissent une nette amélioration de la situation sanitaire depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un, pointent la poursuite des pénuries, la corruption et une qualité des soins souvent aléatoire, de même que les trafics de médicaments, souvent contrefaits. Les ambassades occidentales recommandent d’ailleurs à leurs ressortissants tombants malades dans le pays d’éviter autant que possible de se faire soigner sur place, et leur conseillent d’emporter leurs propres médicaments et leur pharmacie de voyage avec eux.
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